Madame de Merteuil ou la liberté guidant l'échec

Merteuil et Valmont
Merteuil et Valmont ©Maxppp - PRESSNET
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Si ça ne va pas fort aujourd'hui, dites-vous bien que vous auriez pu être Madame de Merteuil, personnage central des "Liaisons dangereuses", le chef-d'oeuvre de Laclos.

Madame de Merteuil initie une machination maléfique avec son amant, le vicomte de Valmont. Laclos raconte une histoire de jouissance et de malheur où le malheur vient de la jouissance, manière de nous rappeler qu'hélas, nos sens dictent notre raison. D'où la terrible phrase de conclusion : "notre raison, déjà si insuffisante pour prévenir nos malheurs, l'est encore davantage pour nous en consoler."

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L'argument des Liaisons dangereuses c'est la perte d'un couple, celui formé par Merteuil et Valmont, lesquels vont d'eros à thanatos, comme si leur célébration des sens les menait vers l’extinction de leurs sens. 

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Si ce livre a fasciné, c'est par le personnage de la Merteuil, femme bien différente de ces banales voluptueuses qui peuplent la littérature libertine du XVIIIe siècle. La marquise de Merteuil, c'est avant tout le nom d'un pouvoir : comprendre les désirs des hommes pour les gouverner. "Vos ordres sont charmants, votre façon de les donner est plus aimable encore, vous feriez chérir le despotisme", dans la sublime préface qu'il donne aux Liaisons dangereuses, André Malraux associe libertés de mœurs et libertés politiques. 

Ce roman est publié sept ans avant la Révolution Française, "Les Liaisons, écrit-il, sont une mythologie de la volonté, Valmont et Merteuil ne luttent pas pour défaire la sagesse des uns, les préventions des autres, ils veulent avant tout détruire les contraintes sociales dans lesquelles la société est enserrée. D'où leurs machinations pour faire entrer dans leur lit, les uns et les autres, avec à chaque fois une arrière-pensée, une coucherie devant en entraîner une autre. Valmont voulant séduire madame de Tourvel, mais elle résiste. Alors il couche avec Cécile de Volanges, qui lui aurait préféré Danceny. Quant à la marquise de Merteuil, elle se donne à Prévan, parce qu'elle veut sa perte. 

Dans ce jeu de domination, domination par le désir, il y a ceux qui écrivent l'histoire et ceux qui la subissent. Mais finalement, même ceux qui font l'histoire, autrement dit les amants diaboliques, ne savent pas l'histoire qu'ils font. Merteuil et Valmont ne savent pas qu'au bout de leur jouissance se trouve leur perte physique ou sociale. Comme si la liberté, la poursuite du bonheur, conduisaient les individus à l'échec, et la société au malheur.

Comme l'écrivait Laclos dans son essai Des femmes et de leur éducation, publié en 1783, soit un an après les Liaisons dangereuses : "La nature ne crée que des être libres, la société ne fait que des tyrans et des esclaves."

Et maintenant bonne journée puisque vous n'êtes ni Merteuil, ni Valmont.  

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