Italo Calvino (1923-1985)

L'écrivain italien Italo Calvino à Paris en 1970
L'écrivain italien Italo Calvino à Paris en 1970 ©Getty - Louis MONIER/Gamma-Rapho
L'écrivain italien Italo Calvino à Paris en 1970 ©Getty - Louis MONIER/Gamma-Rapho
L'écrivain italien Italo Calvino à Paris en 1970 ©Getty - Louis MONIER/Gamma-Rapho
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Ecrivain protéiforme, Italo Calvino a été un formidable inventeur de mécaniques littéraires, de jeux, de joutes, de stratégies combinatoires conjuguant la raison et la fable, la science et le conte, la géométrie et le chaos, l'abstrait et le tangible.

Avec
  • Jean-Paul Manganaro traducteur
  • Isabelle Lavergne
  • Philippe Darros
  • Mario Fusco
  • Mario Barenghi
  • Daniele Del Giudice

Ecrivain multiple et protéiforme capable de se renouveler continuellement tout en gardant, à travers ses métamorphoses et ses expérimentations, cette voix singulière et immédiatement reconnaissable dont parle Roland Barthes, Italo Calvino (1923-1985) est devenu un écrivain classique, classique selon la définition qu'il donne lui-même de ce mot , c'est-à-dire "quelqu'un qui n'a jamais fini de dire ce qu'il a à dire". 

Depuis Le sentier des nids d'araignées, son premier roman publié en 1947, jusqu'à Palomar, paru 2 ans avant sa mort, en passant par Le Vicomte pourfendu, Le Baron perché et Le Chevalier inexistant, Trilogie de nos ancêtres qui est à la fois arbre généalogique et portrait en devenir de l'homme contemporain, ou encore les récits des Cosmicomics, Le Château des destins croisés, Si par une nuit d'hiver un voyageur, toute l'œuvre de Calvino peut se lire comme un parcours arborescent, un réseau infini qui tente de relier "la main qui écrit au monde décrit ". 

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Inventeur de machines, de mécaniques littéraires, de jeux, de joutes, de stratégies combinatoires conjuguant la raison et la fable, la science et le conte, la géométrie et le chaos, l'abstrait et le tangible, Calvino multiplie les angles d'approches, les points de vue, pour dresser la carte du monde et du cosmos, pour "écrire selon une force de réalité qui explose tout entière dans l'imaginaire".

Dans une certaine mesure, je crois que nous écrivons toujours au sujet de quelque chose que nous ne connaissons pas. Nous écrivons pour permettre au monde non écrit de s'exprimer à travers nous. De l'instant où mon attention se détourne de l'ordre régulier des lignes écrites pour suivre la mouvante complexité de ce qu'aucune phrase ne pourra contenir ou épuiser, j'ai l'impression d'être sur le point de comprendre que, de l'autre côté des mots, quelque chose essaie de sortir du silence, de signifier à travers le langage, comme des coups frappés contre les murs d'une prison.                  
Italo Calvino

A cours de cet entretien, Daniele Del Giudice explique pourquoi il considère Italo Calvino comme un "écrivain de formation" : "Si je parle d’Italo Calvino comme d’un "écrivain de formation" c’est que chaque roman est pour lui une forme expérimentale qui présente une certaine manière possible d’être dans le monde, et aussi dans la littérature. A chaque fois, il y a une tentative de s’adapter, non pas en s’aplatissant, mais plutôt en étant en adéquation avec l’expérimentation qu’il est en train de faire. Pour Palomar par exemple, il réussit à se libérer pour la première fois de l’idée de modèle, celui de la vraie société, de la vraie littérature. Dans les années 1960, il abandonne ce modèle unique pour davantage de complexité. Dans Palomar, quand il part de l’idée de "lire une vague" en essayant d’éviter toute méta-pensée, il se donne la possibilité de voir les personnes, les formes, sans plus avoir besoin de modèle. Ces expérimentations qui pourraient sembler purement littéraires sont en réalité d’ordre éthique. L’écriture de Calvino relève non pas d’une éthique prescriptive mais d’une éthique qui est celle du comportement d’un écrivain qui cherche à comprendre et à anticiper ce qui va advenir, à travers la forme qu’il donne, non seulement de la littérature mais aussi de la société. C’est en cela qu’on peut dire que Calvino est un expérimentateur. Ses expérimentations sont presque anthropologiques. Elles se mettent en marche, elles avancent, mais en réalité restent inachevées. Et cela, je crois que Calvino le fait exprès. Car je pense que rien n’est plus éloigné de sa pensée que la positivité."

Avec les voix d'Italo Calvino, Roland Barthes, Georges Perec.

Textes lus par Amandine Pommier et Pierre Val.