Mika Waltari (1908-1979)

par Sophie Nauleau Réalisation: François Caunac De La Grande Illusion , premier roman publié à l'âge de vingt ans, jusqu'à Jean le Pérégrin , fresque historique inachevée parue après sa mort, Mika Toimi Waltari n'a cessé d'écrire. Non pour exister mais pour avoir la force de vivre. Ecrire jusqu'à la transe en s'astreignant chaque jour à un certain nombre de pages, quitte à s'interrompre au milieu d'un mot - Waltari expliquant qu'il lui semblait plus aisé de renouer avec son propos s'il l'avait laissé en plan la veille ! Ecrire à la folie donc, et jusqu'à s'imposer en retour des semaines d'hospitalisation sans une ligne. Théâtre, nouvelles, cinéma, contes, télévision, récits, bandes dessinées, enquêtes policières, pièces radiophoniques, articles ou épopées, l'écrivain d'Helsinki s'est appliqué à tous les genres. Fils de pasteur et auteur finnois le plus lu de par le monde, Mika Waltari est l'homme d'une vie mouvementée et d'une oeuvre immense, à la fois légère et érudite. Une oeuvre nourrie d'Histoire, d'alcools, d'ailleurs et de théologie. Une oeuvre mélancolique et ombrageuse, empruntant ironie, meurtres ou passions au chaos des siècles. Une oeuvre étrange et insoumise - et en grande partie ignorée, comme éclipsée par le succès du célèbre Sinouhé l'Egyptien (écrit durant la Seconde Guerre mondiale, puis adapté sur les écrans hollywoodiens en 1954 par Michael Curtiz). C'est un parcours à travers l'espace et le temps, oscillant entre l'Antiquité, le tragique shakespearien et le réel vécu. Une véritable « oeuvre au noir », pas si loin en effet de Marguerite Yourcenar mais façon Waltari : alchimie qui mêle sans discontinuer l'honneur et la désillusion, les amours et la mort, le plaisir et la fatalité, la beauté et les âmes blessées.