

Alors que s'achève l'année 2021, Le Meilleur des mondes revient sur une décennie d'innovations dans le domaine de la robotique et des nouvelles technologies, et propose d'esquisser les grandes innovations qui animeront les années à venir.
- Tariq Krim Entrepreneur, fondateur de Netvibes, Jolicloud et de la plateformes de web éthique Polite. Ancien vice-président du Conseil du numérique, spécialiste des questions d'éthique et de vie privée sur Internet.
- Laurence Devillers Spécialiste des interactions homme-machine, professeure d'informatique à l'université Paris-Sorbonne, et chercheuse au (Limsi) du CNRS
Dans quelques heures, nous allons tous basculer en 2022, l’occasion de revenir sur les grandes mutations technologiques de la décennie écoulée pour mieux se projeter dans la prochaine.
Et pour explorer le futur en tenant compte des enseignements du passé nous serons avec Usbek & Rika les explorateurs des lettres persanes de Montesquieu… Enfin plutôt avec le cofondateur du magazine qui porte leur nom et qui fête ses 10 ans.
De l’avènement des robots au potentiel démantèlement des GAFAM, en ce vendredi soir, le meilleur des mondes est sur son 31. Pour cette émission spéciale nous recevons :
Tariq Krim, pionnier du web, entrepreneur et ancien vice-président du Conseil national du numérique
Laurence Devillers, spécialiste des interactions homme-machine, professeure à l’université Paris-Sorbonne et chercheuse au Laboratoire d’informatique pour la mécanique et les sciences de l’ingénieur (Limsi) du CNRS
Cette émission est co-animée avec Blaise Mao, rédacteur en chef d'Usbek et Rica.
La robotique : les dérives des robots émotionnels
Dans le champ de la robotique, la décennie écoulée a été riche en innovations : le robot humanoïde Sophia a été le premier à recevoir la nationalité saoudienne, et a même conversé avec le vice secrétaire général de l'ONU. Mais si pendant longtemps, les recherches se sont focalisées sur les capacités langagières des robots, une autre approche sur le para-langage semble être investie ces dernières années par les acteurs de la technologie :
Le para-langage, toutes ces formes, ces petits signes qui vont du rire au sourire, à lever ses sourcils, ou dans la voix, trouver des inflexions qui sont de l'énergie en plus, du timbre en plus, un rythme plus rapide etc. Ce sont des signes qui sont très manipulateurs, qui vont permettre à la machine à partir de très peu d'informations de savoir si vous êtes bien, content, pas content. Laurence Devillers, chercheuse
C'est ce que l'on appelle l'affective computing, qui permets aux machines d'ajuster leurs réactions à ce qu'elles perçoivent de leurs interlocuteurs humains. Avec ces progrès majeurs dans la captation de nos émotions, les perspectives en matière de robotique peuvent être assez inquiétantes :
Le plus dangereux pour moi c'est avec les enfants. Qu'est-ce que ça va donner comme co-adaptation à long terme ? (...) Est-ce que dans le monde que l'on voit apparaître, ce métavers, dans un monde où l'on sera nous-mêmes des robots et où on ressentira les émotions à 100%, ce n'est pas un monde dans lequel on pourra être manipulé assez facilement ? Laurence Devillers, chercheuse
Le numérique : un système de surabondance à réguler
En matière de numérique, les GAFAM ont connu un développement exceptionnel ces dix dernières années. Le web participatif s'est largement généralisé, chaque jour des millions de données sont générées par les utilisateurs, et ces données permettent aux entreprises de modéliser nos comportements et d'anticiper nos actes de consommation.
On a une espèce de monstre cybernétique qui analyse en permanence nos goûts, nos comportements. Et ce qu'on a laissé faire - qui à mon avis est une erreur - c'est qu'on a laissé ces machines s'introduire dans notre intimité. Tout est analysé sans aucune législation. Tariq Rim, pionnier du web
Dans les années à venir, une nouvelle forme de régulation devrait voir le jour à l'échelle européenne : le Digital Market Act (DMA) et le Digital Service Act (DSA) sont deux textes en débat au parlement européen qui ont été pensés pour encadrer les pratiques des GAFAM et réduire leur emprise sur les données des utilisateurs. Quant à savoir si l'Europe peut se doter d'une entreprise concurrente des GAFAM plus respectueuse de nos données, certains observateurs, à l'instar de Tariq Rim, restent pessimistes :
Le problème de l'Europe, c'est qu'on n'a pas de plan B alors qu'on a tout le savoir-faire et les individus pour construire nos propres infrastructures. Ce n'est pas très difficile à faire, c'est juste que l'on a préféré la facilité : c'est plus simple de faire faire, que de faire. Tariq Rim, pionnier du web
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