Le pays où les espions ont été rois : l'Algérie : épisode 7/8 du podcast Conversations secrètes

Abdelaziz Bouteflika et le general Ahmed Gaid Salah chef d'etat major de l'armee algerienne assiste aux commemorations de la fete nationale le 5 juillet 2012 en banlieue d'Alger, Algerie
Abdelaziz Bouteflika et le general Ahmed Gaid Salah chef d'etat major de l'armee algerienne assiste aux commemorations de la fete nationale le 5 juillet 2012 en banlieue d'Alger, Algerie ©Getty - Nacerdine Zebar
Abdelaziz Bouteflika et le general Ahmed Gaid Salah chef d'etat major de l'armee algerienne assiste aux commemorations de la fete nationale le 5 juillet 2012 en banlieue d'Alger, Algerie ©Getty - Nacerdine Zebar
Abdelaziz Bouteflika et le general Ahmed Gaid Salah chef d'etat major de l'armee algerienne assiste aux commemorations de la fete nationale le 5 juillet 2012 en banlieue d'Alger, Algerie ©Getty - Nacerdine Zebar
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Les services de sécurité algériens sont un État dans l’État. Tirant leur légitimité du rôle crucial des militaires dans la Guerre d'Indépendance, leur rôle a été de défendre le régime politique et de gérer la rente économique. Mais des zones d'ombre demeurent sur certaines de leurs activités.

C'est une image incroyable en Algérie : le 5 mai 2019, les généraux Mohamed Mediene et Athmane Tartag, les inamovibles chefs du renseignement algérien pendant 30 ans, montent les marches du tribunal militaire de Blida. Ils sont accusés de "complot contre l'État" et "d'atteinte à l'autorité de l'armée".

Pour tous les algériens qui manifestent depuis le printemps arabe contre la réélection programmée d'Abdelaziz Bouteflika, ces images sont le signal qu'au pays où les espions sont rois, quelque chose est en train de changer. Car les services en Algérie font bien plus que du renseignement : ils sont le garant du pouvoir, si ce n'est le pouvoir lui-même.

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Les services arabes sont là pour sauvegarder le régime. On est dans des services de sécurité, au service du pouvoir, pour que le pouvoir se maintienne avec une mission qui est clairement la défense du régime. Agnès Levallois, spécialiste des services de renseignements arabes.

Les services co-gèrent le pays avec Bouteflika jusqu'en 2015. [...] Avec un seul objectif : maintenir le système et de gérer la rente économique. Agnès Levallois

Bernard Bajolet, directeur de la DGSE de 2013 à 2017, a éprouvé la réalité du pouvoir des services de renseignement algériens. Si les rapports ont longtemps été très cordiaux entre services de renseignement français et algériens, la coopération n'a quant à elle pas toujours été aisée.

De toute évidence, le DRS (Département du Renseignement et de la Sécurité, ndlr) avait un pouvoir extrêmement important. J'ai été reçu par le général Mediene à plusieurs reprises. Je prenais plaisir à aller à ces entretiens parce que c'était toujours passionnant. Les analyses étaient toujours précises. [...] Mais quand il s'agissait de coopérer de façon plus opérationnelle, c'était plus difficile. Bernard Bajolet

Comment les maîtres-espions algériens ont-ils créé cette nébuleuse à la fois invisible et très puissante ?

Les services en Algérie ont un rôle essentiel, qui est issu de la Guerre d'Indépendance. C'est un élément structurant dans l'analyse des services, et qui en fait la particularité de l'Algérie par rapport aux autres pays de la région. C'est le seul pays qui est passé par cet épisode de la guerre d'indépendance. Les services de sécurité ont commencé à exister pendant la Guerre d'Indépendance. Ils ont acquis une légitimité qui est issue de la Guerre d'Indépendance. Agnès Levallois

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