Chercher des poux dans les plumes

Plus le pou est gros, plus il court vite et plus sa fécondité est importante.
Plus le pou est gros, plus il court vite et plus sa fécondité est importante. ©Getty - SCIEPRO
Plus le pou est gros, plus il court vite et plus sa fécondité est importante. ©Getty - SCIEPRO
Plus le pou est gros, plus il court vite et plus sa fécondité est importante. ©Getty - SCIEPRO
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Le pou est le plus vieil ami de l'homme ! Présent dès le Jurassique, il accompagne chaque mammifère et s'est adapté au fil du temps à ses différents hôtes. Aujourd'hui, on observe que le pou peut être grand ou petit et qu'une nouvelle espèce pourrait émerger.

Hiboux, choux, genoux etc. Dans ce « et cætera », on trouve notre ami, ou plutôt notre parasite le pou. 

On dit que le chien est le plus vieil ami de l’Homme. C’est faux ! Son plus vieux compagnon, c’est le pou. Bon, le premier domestiqué, le second moins. 

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On dit qu’il n’y a pas d’insectes en Antarctique. C’est faux ! Les poux sont les très rares insectes à aller se promener jusque vers le Pôle Sud ! Saviez-vous que les phoques hébergent des poux dans leur pelage ? De plus, d’autres poux sont présents dans le plumage des albatros et des pétrels ! 

Les poux présents avant l'homme

Les poux ont ainsi accompagné toute l’histoire de l’humanité, et antérieurement l’histoire de la plupart des animaux à sang chaud. Depuis le Jurassique, les insectes phtiraptères, en français, le groupe des poux sucent le sang des mammifères. Chaque mammifère a ses poux. Pareil pour les oiseaux ainsi que leurs ancêtres dinosaures qui avaient les leurs ! 

Au cours de l’évolution, les poux se sont ainsi attachés à différentes espèces, évoluant à leur tour en s’adaptant à la plume comme au poil, à des déplacements sur terre, dans l’eau ou dans les airs. Cette évolution parallèle entre des hôtes et leurs parasites, un peu comme entre la cuirasse et le boulet, est ce que l’on appelle la coévolution. 

La coévolution ouvre sur des questions de recherche passionnantes où les poux sont de bons élèves. Des chercheurs se sont intéressés aux poux des pigeons. Ils ont distribué des poux aviaires, Columbicola columbae, sur des pigeons dont les tailles variaient du simple au triple. Ces chercheurs ont ensuite suivi les poux sur soixante générations. Ils ont constaté une corrélation entre la taille des poux et celle des pigeons. 

Un divorce entre petits et grands poux

Comment l’explique-t-on ? D’abord, plus un pou est gros, plus il court vite et plus sa fécondité est importante. Sur ce plan, les gros poux sont avantagés. Second paramètre, les pigeons se débarrassent de leurs parasites en lissant leurs plumes avec leur bec. Les poux échappent à cette action mécanique en se tassant entre les barbes des plumes. 

Sur les petits pigeons, les petits poux peuvent se nicher entre les barbes, alors que les poux de grande taille ne peuvent pas s’y abriter. Sur des pigeons de grande taille, les gros poux peuvent à la fois se cacher et se déplacer vite, tandis que les petits poux sont désavantagés parce qu’ils fuient moins vite et que la distance entre deux abris est plus grande. 

Tout est donc en place pour que sur des petits pigeons ne restent que des petits poux, et sur les grands pigeons les grands poux. Les conditions d’un divorce sont réunies. Nos poux des pigeons ont même fait un second pas vers une séparation définitive. Les petits et les grands poux ne sont plus capables de se reproduire entre eux. Lorsque les tailles diffèrent trop, l’accouplement ne se fait qu’au prix d’une torsion du corps du mâle ce qui restreint sa réussite. Une spéciation est en marche et une nouvelle espèce pourrait bien émerger. Il n’y a pas qu’avec le pluriel des mots en « ou » que l’on peut se chercher des poux.