

C'est un fruit qui nous accompagne depuis le néolithique et qui a fait les gros titres dans les années 1830 : la poire. Il existe actuellement mille variétés de poiriers avec une distinction entre cultivars européens et cultivars asiatiques.
Nous sommes en novembre 1831. Un procès passionne l’opinion. Le journaliste Charles Philipon est traduit en justice pour avoir publié une caricature du roi Louis-Philippe replâtrant un mur afin d’effacer toute trace des journées révolutionnaires de 1830. Il a fait "offense à la personne du Roi ". Pour l’avocat de Philipon ce n’est pas la personne du roi qui est attaquée, mais son image incarnant le pouvoir. Philipon brandit alors quatre dessins où l’on voit le visage de Louis-Philippe se transformer en poire.
L’argument est que si l’on condamne le croquis qui ressemble à Louis-Philippe, alors il faut aussi condamner le second croquis qui ressemble au premier. Puis condamner cet autre qui ressemble au second. Enfin, si l’accusation est conséquente, il faut condamner tous les dessins représentant une poire. Malgré sa démonstration restée dans les mémoires, le juge ne sera pas convaincu, et Philipon se prendra en pleine poire une condamnation à six mois de prison et deux mille francs d’amende.
La poire, une arme républicaine contre la monarchie de juillet
En 1834, le journal Le Charivari, persiste et publie quatre dessins signés Honoré Daumier qui montrent le visage de Louis-Philippe se transformer en une poire. L’affiche s’intitule "Les poires (…) vendues pour payer les 6000 francs d’amende du journal ". Le succès des ventes couvrira cette amende. Les poires eurent un tel succès que les républicains couvrirent de graffitis de poires les murs de France.
Voilà donc un brave fruit, la poire, au cœur d’une lutte politique, devenue une arme républicaine contre la monarchie de juillet. Depuis, dans l’argot populaire, la poire est la face, la figure, mais elle est aussi l’imbécile, le dupé, sens que ce fruit n’avait pas avant l’affaire des caricatures.
Plus de mille variétés de poiriers
La poire devint par la suite symbole d’immobilisme, voire de mollesse. Triste réputation pour un fruit délicieux qui nous accompagne depuis le néolithique, et dont l’arbre fruitier, le poirier commun, Pyrus communis, de la famille des rosacées, était déjà domestiqué par les romains. Cette espèce de petite taille est connue à l’état sauvage des régions tempérées d’Europe et de l’ouest de l’Asie. Comice, Louise-bonne, Passe-crassane, Guyot, Williams… on en connaît aujourd’hui plus de mille cultivars pour le régal de nos papilles.
À ce stade, il convient de couper la poire en deux. En effet, les cultivars européens dérivent de Pyrus communis, tandis que les poires asiatiques de Chine et du Japon dérivent d’autres espèces donnant des fruits plus arrondis. Nombre de dictons évoquent les poires, du traditionnel "entre la poire et le fromage ", au plus généraliste "se garder une bonne poire pour la soif ". Une formule particulièrement idoine lorsque l’on sort du placard notre eau de vie de poire Williams, variété très parfumée qui se prête remarquablement à la distillation.
Sans parler d’un beau dessert, la poire-belle-Hélène dont le nom provient de l’opéra bouffe d’Offenbach "La belle Hélène". À en croire les témoignages, cet opéra faisait beaucoup rire : on s’y fendait la poire !
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