Un déclin inquiétant, les pollinisateurs

Les pesticides et herbicides utilisés dans l'agriculture sont une menace pour les pollinisateurs
Les pesticides et herbicides utilisés dans l'agriculture sont une menace pour les pollinisateurs ©Getty -  tanjica perovic photography
Les pesticides et herbicides utilisés dans l'agriculture sont une menace pour les pollinisateurs ©Getty - tanjica perovic photography
Les pesticides et herbicides utilisés dans l'agriculture sont une menace pour les pollinisateurs ©Getty - tanjica perovic photography
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On estime que la mortalité des abeilles et des bourdons a quadruplé en quelques années. Une donnée inquiétante lorsqu'on sait que 80% des plantes à fleurs sont fécondées par l’intervention d’un animal.

Bzzzzzzzzzzz, j’ai un de ces mal de tête ce matin. Ce n’est pas la forme. 

Pourtant, un beau matin d’avril comme celui-ci avec tous ces arbres en fleurs, ce prunier rose, ce mirabellier, ce cerisier tout blanc. Toutes ces odeurs et un verger entier à ma disposition. 

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C’est quand même étrange cette nausée de bon matin et il semblerait que je ne suis pas le seul. Je suis Léon, un bourdon des champs, un Bombus agrorum avec mon ventre orange et mon voisin Gaston qui ne se porte guère mieux est un bourdon terrestre, Bombus terrestris à l’abdomen rayé d’orange, noir et blanc. 

Nous n’aurions pas dû nous laisser attirer par ces fleurs à proximité du grand champ où un tracteur vert a déployé deux grands bras pour tout asperger. C’est vrai que l’odeur était bizarre. Il faut dire que l’on n’avait pas envie de laisser toutes ces fleurs aux abeilles. 

1000 espèces d'abeilles en France

Les abeilles, la domestique Apis mellifera et ses nombreuses cousines sauvages : abeille à culottes, abeille charpentière, abeille tisserande, abeille découpeuse… Elles sont 1000 espèces rien qu’en France à être de sacrées pollinisatrices. 

En attendant, je vais mal, je ne peux même plus voler, je bascule sur le dos, bouge une dernière fois mes six pattes et j’expire. Je suis une nouvelle victime des épandages de pesticides et autres herbicides. Des molécules terribles pour nous les insectes pollinisateurs.

Ces molécules appartiennent aux familles des organochlorés, des organophosphorés, elles sont aujourd’hui largement remplacées par les néonicotinoïdes qui enrobent les semences. Sans compter le glyphosate. 

Ces substances agissent sur le système nerveux et plus spécifiquement sur la transmission du message nerveux à la connexion entre deux neurones. Je glisse au passage que les neurotoxiques liquides, interdits en tant qu’arme de guerre par la convention de Genève, agissent de la même manière. Évidemment, les doses ne sont pas les mêmes. 

Des molécules néfastes au système nerveux des pollinisateurs

Certes, ces molécules sont utiles aux agriculteurs qui protègent ainsi leurs récoltes de certains insectes ravageurs. Mais la molécule ne fait pas de différence entre un puceron et une abeille ou un bourdon et ces derniers meurent en masse. Elles sont à large spectre et font de nombreuses victimes collatérales. Même à dose plus faible, les abeilles au système nerveux altéré ne retrouvent plus le chemin de la ruche ou du nid. 

On estime que la mortalité des abeilles et bourdons a quadruplé en quelques années. Pareil pour les papillons pollinisateurs. Bien que certaines mouches empididées soient aussi pollinisatrices, notamment en altitude, elles n’échapperont pas au massacre. 

À terme, ce sont des écosystèmes entiers qui seront touchés par des réactions en chaîne : moins d’insectes, moins de plantes, moins d’oiseaux insectivores ou granivores, moins de petits mammifères insectivores, etc. 

Nous nous croyons très forts, mais ce n’est pas avec des mini-drones que l’on réglera le problème. 80% des plantes à fleurs sont fécondées par l’intervention d’un animal. Alors, restons modestes et changeons de pratiques.