Le secret des jades, auxquelles on prête tant de vertus de la Chine à l’Europe : elles sont le produit de l’association de minéraux divers.
La petite fille de mon ami Guy porte le joli prénom de Jade. Un nom en douceur, aux deux syllabes toute simples et lisses comme la pierre précieuse homonyme. Cette belle pierre, recherchée depuis la préhistoire, cache quelques mystères.
Car la minéralogie du jade n’est pas simple puisque sous le même nom cohabitent plusieurs minéraux et roches. Le premier à avoir éclairci une part de l’énigme est le minéralogiste français Alexis Damour.
En 1846, il identifie une variété de jade et la nomme néphrite, un minéral silicaté riche en calcium et magnésium, appartenant à la famille des amphiboles. Quelque seize ans plus tard, analysant des haches polies du néolithique d’Auvergne, Damour caractérise une seconde variété de jade, la plus précieuse. Elle est qualifiée de jadéite, et s’apparente à un silicate de la famille des pyroxènes qui renferme sodium et aluminium. C’est le jade impérial de Chine.
Mais ce n’est pas fini. Au début du XXe siècle, Alfred Lacroix, professeur au Muséum, découvre que le vert intense du jade impérial est dû à la présence de chrome et plus exactement à la présence d’un minéral, le kosmochlor. Je résume. Nous avons donc trois types minéralogiques : une amphibole, la néphrite, un pyroxène, la jadéite et le kosmochlor.
Mais, à l’examen microscopique, Lacroix découvre que ces minéraux ne sont jamais seuls. Les jades sont en réalité des roches constituées de l’association de divers minéraux, même si ces trois-là dominent. Cela explique la très grande diversité des pierres reconnues comme jades.
Encore un peu de complexité. Selon les ingrédients supplémentaires que le jade contient, sa couleur peut tendre vers le rouge avec un peu de fer, vers le violet s’il contient une pincée de manganèse, ou même le noir si le graphite est présent. Pour couronner le tout, il existe des faux jades issus de roches vertes comme les serpentines.
Quelles qu’en soient les variétés, le jade a toujours attiré le regard. Nos ancêtres préhistoriques l’appréciaient pour sa résistance due à l’entrelacement de microcristaux.
Remède et porte-bonheur
Dans l’Europe des apothicaires, le jade était un remède souverain contre les douleurs rénales, notamment les coliques néphrétiques. D’où le nom de néphrite retenu par Damour pour le premier minéral identifié. Et puis, le terme même de « jade » dériverait de l’espagnol « piedra de la ijada » qui signifie « pierre du flanc », car accoler un fragment de jade poli sur le flanc d’un nourrisson était radical contre ses maux de ventre.
En Chine, cette pierre est réputée éloigner l’esprit du mal. Les disques percés en jade portaient bonheur. Il faut dire que les Chinois ont toujours été et sont toujours les plus grands amateurs de jade, symbole de pouvoir en tant que pierre impériale, mais aussi de pureté et d’élégance.
Si rien n’est simple avec le jade, tout est beau et les symboles qui lui sont attachés apaisent souvent. Je souhaite à tous les parents et grands-parents de mignonnes petites Jade qu’elles soient aussi douces et apaisantes que leurs pierres éponymes.
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