Alors que la semaine s'achève avec l'issue de la primaire de la droite et du centre, retour sur le bleu, couleur politique (de droite), depuis Hugues Capet jusqu'à la tentation colorimétrique de François Hollande en 2012.
La rose était un symbole socialiste depuis le congrès d’Epinay en 1971 après la création du logo du parti socialiste, quelques mois plus tôt, par un groupe de militants du CERES. Le bleu quant à lui est utilisé depuis 1919 pour décrire le camp conservateur. A l'époque, la couleur bleue fait référence à l'uniforme des Poilus de la Première guerre mondiale : parmi les nouveaux élus de ce qu'on appellera aussitôt "la chambre bleue horizon", de nombreux anciens poilus dans les rangs de la majorité conservatrice.
En dévoilant mi-novembre son tout nouveau logo pour la présidentielle 2017, sous forme de rose bleue, Marine Le Pen ne s'est pas cachée de se frotter les mains en préemptant ainsi des symboles de part et d'autre de l'échiquier. La présidente du FN aurait de plus tout à gagner à faire installer à son bénéfice l'expression "vote bleu". Alors qu'on dit largement "voter rouge" ou "voter vert", le vote bleu ne s'est jamais imposé encore. Et ce, malgré une tentative de la droite gaulliste de rebaptiser le RPR "Maison bleue" en 2012.
Tentative avortée : c'est finalement le nom de parti "Union pour une majorité populaire" (UMP) qui s'imposera sous la houlette de Nicolas Sarkozy, avant un nouveau changement en 2015 pour "Les Républicains". Sans que le bleu ne parvienne jamais à s'installer dans la taxonomie officielle.
Le bleu est pourtant une couleur politique de longue date. Dès le XIème siècle, la couleur se range du côté de la tradition et de l'ordre. A cette époque-là, le bleu est celui du "manteau de la vierge", et devient progressivement une couleur royale. En effet, si la couleur monarchique par excellence reste le blanc (jusqu'à la Révolution française où arborer cocarde blanche valait parti pris pour le Roi), les Capet choisissent un fond bleu azur pour la fleur de lys de leurs armoiries, qui devient l'emblème du roi de France au XIIème siècle.
Couleur populaire
A la Révolution française puis à nouveau en 1848, le bleu républicain s'impose aux côtés du rouge révolutionnaire et de ce blanc monarchique, symbole de la continuité de l'histoire de France.
Depuis lors, le Bleu ne sera plus détrôné dans l'Hexagone : Michel Pastoureau, le plus célèbre historien des couleurs, rappelle que c'est la couleur préférée des Français. Mieux : la tendance est tenace, et le bleu a autant les faveurs des hommes que des femmes, quelles que soient les catégories sociales interrogées. Il est loin le temps de l'Antiquité où l'on dit que le bleu passait pour une couleur transparente à la rétine des peuples.
S'il désigne la France ("les Bleus" pour l'équipe nationale de football mais aussi la toute patriotique " ligne bleue des Vosges" de Jules Ferry en 1893), le bleu a également gagné une stature internationale. Il s'est en effet hissé sur le drapeau des Nations-Unies et de leurs ramifications ou sur la bannière européenne, parachevant sa dimension consensuelle.
Couleur consensuelle
C'est justement sur ce consensus que parient les écuries politiques qui investissent sur le bleu dans leur imagerie électorale.
C'était flagrant lorsque François Hollande a dévoilé son matériel de campagne en 2012, qui faisait grand cas du bleu et très peu de place au rouge, jugé trop clivant pour une candidature sociale-démocrate et rassembleuse.
Mais en réalité, l'intrusion du bleu dans la palette graphique socialiste est bien plus ancienne : on peut remonter à 1974 et François Mitterrand (qui récidivera en 1981 et 1988, avec par exemple le bleu roi de "Génération Mitterrand") pour identifier cette tendance fédératrice.
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