A la découverte des danses "post-internet"

Danseurs de jumpstyle (capture d'écran)
Danseurs de jumpstyle (capture d'écran)
Danseurs de jumpstyle (capture d'écran)
Danseurs de jumpstyle (capture d'écran)
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Grâce à Youtube, des milliers d'autodidactes apprennent des danses sur Internet. Autour du jumpstyle est née une communauté mondiale. Le collectif d'artistes (La) Horde vient de lancer une plateforme dédiée à ces danses "post-internet". Et expose ces vidéos sur les murs de La Gaîté lyrique.

Le web propage tout, même les gestes. Vous avez sûrement déjà vu passer l'une de ces vidéos qui se partagent par milliers. Celles qui consistent à remettre son pantalon sans les mains, ou à se figer comme un mannequin... Ou encore le "dab". Définition rapide, en très gros : tendez le bras gauche vers l'arrière, pliez l'autre et placez rapidement votre visage dans le creux du coude. Pour mieux comprendre aller plutôt voir sur Youtube. Ou regardez les vidéos du footballeur Paul Pogba qui en a fait sa marque de fabrique .

Ces phénomènes finissent souvent par être repris par des marques, des politiques. Même Hillary Clinton. (Notez que lorsqu' on en est là, c'est que la fin est proche.) Il y a dans ces sortes de danses virales, l'effet d'une grande chaîne numérique. Inventer ces gestes, se filmer puis partager ces vidéos, c'est comme participer à une sorte de ola géante, aussi mondiale qu'éphémère.

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Jumpstyle

A côté de ces buzz émergent de véritables communautés, autour de gestes chorégraphiques. C'est ce qu'explore (La) Horde, un talenteux collectif au confluent de la danse, des arts visuels et de la performance. A l'origine de ce collectif, trois artistes, Marine Brutti, Jonathan Debrouwer et Arthur Harel. Nourris des même livres, spectacles, d'influences communes.. et de Youtube. C'est là qu'ils ont découvert le jumpstyle. Au départ c'est un genre de musique électronique .

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Cela donne une danse très dynamique, avec de petits pas sautés. Le rythme est très très soutenu. Au point que chaque session ne dure qu'une vingtaine de secondes et que ceux qui le pratiquent ont en général moins de 25 ans.
Le jumpstyle, c'est avant tout une danse de salon. Au sens propre. Ou plutôt de chambre. Le processus est à peu près toujours le même. Un jeune découvre une vidéo sur Internet, il apprend seul, avec des tutoriels parfois postés à l'autre bout du monde, puis se filme en train de danser dans sa chambre et poste la vidéo sur Youtube. Avec le temps, il a besoin de plus de place, il va dans son salon, puis dans son jardin, puis dans l’espace public. Dans ce passage à la représentation publique, il est tout à fait fascinant d'observer les arrière-plans des vidéos : une chambre d'ado, les parking d'une zone périurbaine ennuyeuse, un petit village belge ou une banlieue américaine. Souvent des endroits dont les institutions culturelles sont lointaines.

Si vous voulez essayer, vous trouverez des tas de tutos sur Internet comme ici . Voici déjà la base.

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C'est aussi vrai d'autres danses du même style comme le hakken, le tekstyle ou encore le shuffle.

"Danses post-internet "

Le collectif (La) Horde a lancé une plateforme numérique qui rassemble ces vidéos. Et ceux qui passent à Paris pourront voir jusqu'à fin janvier à La Gaîté lyrique une installation à 360 ° avec les vidéos du site. (La) Horde appelle ça parle les "danses post-internet". Par ce terme, emprunté à l'art contemporain, ils ne désignent pas seulement une inspiration venue des réseaux. Mais aussi une implication différente du corps . Ces danses sont pensées pour l’écran. : il faut danser de profil pour montrer tous les gestes, pour que cela reste toujours dans le cadre, sans mouvement de caméra. Surtout, ces danseurs autodidactes créent une communauté mondiale. Et ce qu'observe (La) Horde, c'est la manière dont chaque culture amène sa spécificité dans une sorte d'_esperant_o du geste. Chez les danseurs de jumpstyle des pays de l'Est, ils voient l'influence des ballets russes : davantage de pirouettes, une meilleure tenue du buste....En Californie, les pointes, qui ont déjà rencontré le hip -hop, apparaissent aussi dans le jumpstyle.

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Autre caractéristique du processus, le va- et-vient entre ce qui se passe en ligne et hors ligne. Certains danseurs se retrouvent physiquement dans des championnats, avec des ligues, qui s'affrontent dans des battles, sortes de concours de performances. (La) Horde mène d'ailleurs un travail chorégraphique, en plateau avec certains d'entre eux. Comme l'an dernier au Théâtre de la Ville à Paris pour le concours danse élargie. Leur plateforme numérique rassemble ces vidéos. Une manière collective de définir les "danses post-internet" . Mais aussi d'archiver ces nouveaux gestes.

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