Intelligence artificielle : la France expose sa stratégie

France IA a posé les bases d'une stratégie nationale pour l'intelligence artificielle
France IA a posé les bases d'une stratégie nationale pour l'intelligence artificielle ©Getty - John Lund
France IA a posé les bases d'une stratégie nationale pour l'intelligence artificielle ©Getty - John Lund
France IA a posé les bases d'une stratégie nationale pour l'intelligence artificielle ©Getty - John Lund
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Avec l'opération "France IA", plus de 500 experts, chercheurs et représentants du monde l'entreprise ont été chargés de définir une stratégie de mise en valeur et de développement de la filière de l'intelligence artificielle. Ils ont remis leurs conclusions au gouvernement.

Beaucoup d'entre vous ont déjà testé des assistants virtuels. Comme Siri, pour ceux qui ont déjà eu un Iphone entre les mains. Ou Alexa, créé par Amazon. Ces assistants comprennent nos demandes quand nous leur parlons, et exécutent des tâches. Expérimenter cela, c'est utiliser l'intelligence artificielle. C'est aussi le cas quand vous voyez en ligne une traduction automatique, une reconnaissance d'image ou un filtre anti-spam. Ce que permet l'intelligence artificielle, c'est d'imiter ou de remplacer l'être humain dans certaines fonctions cognitives - comme la perception, la reconnaissance de forme, le raisonnement, la compréhension du langage. L'intelligence artificielle est déjà dans notre quotidien. Et elle s'invite peu à peu dans tous les secteurs : par exemple la santé, la finance, la mobilité - avec la voiture autonome.
Si l'intelligence artificielle est développée depuis les années 50, actuellement les progrès sont tels que le nombre de tâches automatisables s'est démultiplié. Chaque jour, un nouvel usage apparaît. L'enjeu est gigantesque.

Comment alors développer en France la recherche et l'innovation dans l'intelligence artificielle? C'est tout l'objet d'un épais rapport remis cette semaine au gouvernement dans le cadre de l'initiative "France IA" - IA pour intelligence artificielle donc. A la demande de Thierry Mandon , Secrétaire d'État chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, et l'ancienne Secrétaire d'Etat au numérique Axelle Lemaire (dont les fonctions ont depuis été reprises par Christophe Sirugue), plus de 500 experts, chercheurs, chefs d'entreprise, parlementaires ont travaillé sur les questions posées par l'IA.

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Établir une cartographie française de l'intelligence artificielle, identifier et soutenir les sujets de recherche, faciliter le passage vers des applications industrielles, améliorer la formation ou encore approfondir le débat public : le rapport a vu grand. Il faut dire qu'il doit servir à structurer une future stratégie nationale pour l'intelligence artificielle. Il en ressort 59 recommandations issues des différents groupes de travail. Ces derniers étaient consacrés entre autres à la formation, la recherche, le transfert de technologie vers l'industrie, les véhicules autonomes, les impacts sociaux, juridiques pour n'en citer que quelques-uns. Ce qui ressort d'abord, c'est que la France a une recherche de bon niveau - et d'ores et déjà 250 start-up qui développement des usages liés à l'IA. Même si les départs de chercheurs et d'entrepreneurs à l'étranger sont fréquents. La première série de préconisations concerne donc la recherche et les manières de soutenir les rencontres entre les mondes académique et industriel.
Le gouvernement a d'ailleurs annoncé sa volonté de constituer un consortium public- privé. Objectif, créer un centre interdisciplinaire pour l'intelligence artificielle. Ainsi que la mobilisation des organismes publics comme Bpi France pour investir dans dix start-up d'ici cinq ans. Autant de choses qui dépendront du prochain gouvernement. Autre annonce, la mise en place d'une concertation sur les effets de l'intelligence artificielle sur l'emploi. Sujet qui alimente les peurs, agitées l'occasion du débat pour la présidentielle.

A ÉCOUTER L'intelligence artifcielle made in France (Le Magazine de la rédaction)

Faut-il craindre l'intelligence artificielle ? La question est récurrente depuis les années 60. Symbolisée par la peur d'un moment où l'humanité disparaîtrait remplacée par des robots. Un mythe estime le chercheur Jean -Gabriel Ganascia. Il était invité il y a quelques semaines de la Matinale du samedi.
C'est peut-être ce que rappelle ce travail mené par France IA. Cette peur un peu simpliste, mâtinée de nos images de science-fiction, est non seulement infondée, mais surtout elle nous fait courir un risque : celui de détourner notre attention des dangers réels de l'IA. Car les progrès sont énormes et les perspectives d'amélioration réelles (s'épargner des tâches fastidieuses, améliorer un tas de service, gagner de la productivité Mais en même temps, les alertes existent. Elles portent sur le risque de perte d'indépendance économique. Car les grosses entreprises américaines sont déjà sur le coup. Sur les questions d'éthique : comment un algorithme est-il conçu, quelles données sont utilisées par la machine pour apprendre ? En effet, c'est du partage des données que dépendra le succès des usages liés à l'IA ; mais c'est ce même partage qui fait courir le plus de risques, sur la vie privée. Quelle transparence des décisions prises à par la machine ? Si demain quelqu'un se voit refuser un prêt bancaire ou en cas d'accident de voiture autonome, comment rendre des comptes sur les décisions prises ? Difficile encore d'anticiper toutes les conséquences sociales de l'intelligence artificielles, les plus vertueuses comme les plus risquées. Mais c'est peut-être nous même que nous avons le plus à craindre si nous ne faisons de ces questions un enjeu public qui traverse l'ensemble des disciplines.