Macron et le numérique : vers "l'Etat plateforme"

Mounir Mahjoubi est le secrétaire d'Etat au numérique du premier gouvernement d'Edouard Philippe
Mounir Mahjoubi est le secrétaire d'Etat au numérique du premier gouvernement d'Edouard Philippe  ©AFP - Irina Kalashnikova / Sputnik
Mounir Mahjoubi est le secrétaire d'Etat au numérique du premier gouvernement d'Edouard Philippe ©AFP - Irina Kalashnikova / Sputnik
Mounir Mahjoubi est le secrétaire d'Etat au numérique du premier gouvernement d'Edouard Philippe ©AFP - Irina Kalashnikova / Sputnik
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Parmi les priorités de Mounir Mahjoubi, le nouveau secrétaire d'Etat en charge du numérique, il y a la transformation numérique de l'Etat. Et l'idée d'un "Etat plateforme".

C'est finalement Mounir Mahjoubi qu'Emmanuel Macron a choisi pour prendre en charge le numérique dans son gouvernement. L'ancien président du Conseil national du numérique (qu'il a quitté en janvier pour rejoindre En Marche) prend la tête d'un secrétariat d'Etat. Ce dernier est certes le dernier dans l'ordre protocolaire. Seulement il n'est plus rattaché à Bercy, mais au Premier ministre. Et c'est une première. C'est aussi un symbole de la volonté affichée de considérer le numérique comme une transformation de l'ensemble de l'action publique, et non comme un secteur. En même temps, cela va poser de nombreuses questions de périmètre et de relations - notamment avec Bercy et l'Intérieur.

Lors de la passation de pouvoir, M.Mahjoubi a présenté ses premiers grands dossiers : aider les TPE et les PME à se transformer, l'inclusion numérique de tous. Et la transformation de l'Etat. Il d'ailleurs annoncé pour les prochaines semaines une "stratégie sur l’Etat plateforme".

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Même si "l'Etat plateforme" fait en réalité déjà l'objet depuis trois ans d'une stratégie et même d'un programme d'actions menées par les services de modernisation de l'Etat. L'objectif est de « permettre à chaque administration de développer facilement de nouveaux services ». Surtout plus adaptés à nos usages..

Mais développer des formes numériques de services publics, ce n'est pas seulement une question technologique. Que signifie cette expression "d'Etat plateforme" ? La notion a été développée en France il y a quelques années dans un livre, L'Age de la multitude, écrit par Nicolas Colin, ( du rapport Colin et Collin, aujourd'hui à la tête d'un incubateur de start up) et Henri Verdier actuel directeur interministériel du numérique. Et justement Hélène Brisset, la nouvelle directrice de cabinet de Mounir Mahjoubi, a un temps été sa n°2.

L'idée de ce "principe de multitude", c'est, pour dire vite, de s'appuyer sur les contributions des internautes via une interface ouverte. Concrètement, et pour pour prendre un exemple connu, une grande partie du succès de l'Iphone d'Apple tient aux applications, et elles sont développées par des acteurs extérieurs.

Appliqué à un Etat, cela veut dire mettre à disposition les données des systèmes d’informations des acteurs publics—offres d'emploi de Pôle emploi, base d'adresses, données de la cpam....Il existe d'ailleurs déjà au sein de l'Etat un incubateur de start up ( beta.gouv.fr) qui développent des nouveaux services.

Cela change quoi pour les services publics ? La philosophie de l'Etat- plateforme, c'est de s'appuyer sur les individus pour développer des services utiles à tous.

"Il est préférable de laisser les citoyens régler eux-mêmes les problèmes qu'ils peuvent régler eux memes de les y aider et de les en valoriser" , affirmait alors les auteurs. Cette notion, ils l'empruntent eux-même à un Américain, l'éditeur Tim O'Reilly, libéral, féru de technologie, et auteur en 2010 d'un ouvrage sur le gouvernement 2.0 "Que se passerait il si au lieu de la voir comme un distributeur automatique nous imaginions l'administration comme le manager d'une place de marché?" retiennent ils notamment d'O Reilly

D'un côté, mettre à disposition ces données de l'Etat c'est un gage de transparence et une possibilité de réappropriation très vertueuse. C'est d'ailleurs l'un des aspects les plus consensuels de ce qu'on appelle le gouvernement ouvert. Mais le risque de laisser cela aux mains d'acteurs privés, c'est de réduire les services publics à des services au public.Et de transformer la gouvernance publique en une définition de conditions d'utilisation.

Développer des services publics numeriques et adaptés aux besoins . Et tenir une protection de l'égalité, et des services publics. Ce gouvernement tiendra -t-il ces deux bouts "en même temps"?

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