Pas une semaine sans une nouvelle information sur les questions que pose la surveillance. Un autre internet est-il possible?
La surveillance de masse est-elle une fatalité? Pas pour l'association Framasoft. Depuis plusieurs années elle propose des outils et services respecteux des utilisateurs. C'est à dire qui n'exploitent pas leur données personnelles. Le mois dernier, Framasoft a lancé six nouveaux services; comme Framagenda, pour se passer d'un agenda Google, Framatalk, plutôt que Skype. Ils s'ajoutent à Framacarte (équivalent de Google Maps) ou encore Framadrive, outil d'hébergement de fichier alternatif à Dropbox. 30 services ont ainsi été développés dans le cadre d'un d'un programme baptisé "dégooglisons Internet". L'idée, c'est de montrer que des solutions libres et éthiques peuvent réellement se substituer à celles de ce qu'on appelle les GAFAM ( Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), Eux ont un modèle simple, ils ne font pas payer directement les usagers mais gagnent de l'argent en collectant le maximum de données sur eux.
Mais ces services alternatifs ont-ils vraiment potentiel de développement? Bien sûr, Framasoft ne prétend pas concurrencer Google.
Cette association d'éducation populaire espère avant tout nous faire prendre conscience des enjeux. Et de l'importance de ne pas mettre tous ses oeufs- en l'occurence toutes ses données- dans le même panier, y compris le leur d'ailleurs. Puisqu'on parle de panier, vous connaissez sûrement les Amap, les associations pour le maintien d'une agriculture paysanne. Elles rapprochent le consommateur du producteur. On peut même rencontrer le producteur, lui poser des questions. "Et bien Framasoft, c'est la même logique", explique Pierre- Yves Gosset son délégué général. Est- ce que les services auront la même puissance que Facebook et Google? " Réponse : "quand on se met au bio, il faut savoir renoncer aux fruits calibrés et brillants, aux tomates au mois de décembre ou au jambon bien rose sorti de l’emballage. Mais le goût et la saveur sont tellement meilleurs !"
Et comme un petit producteur ne peut pas nourrir toute la France, Framasoftt a lancé un programme d'essaimage. Il répond au doux nom de CHATONS, en fait un acronyme pour collectif d’Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires. L'idée, c'est de créer un réseau d'hébergeurs respectueux des utilisateurs. Et de sensibiliser le grand public aux dangers d'une trop grande concentration de services.
Pour comprendre en quoi cette concentration est problématique, il est très utile de lire Surveillance ://, de Tristan Nitot, publié aux Editions C & F. Le premier intérêt l'ouvrage de Tristan Nitot, l' ancien président de Mozilla Europe aujourd'hui à la tête de Cozy Cloud, c'est d'expliquer en quoi ces questions concernent tout le monde. Il n'est pas rare d'entendre " mais je n'ai rien à cacher". Or nous avons tous une vie privée : nous mettons des portes à nos maisons ou des enveloppes sur nos lettres. Il en va de meme à l'air du numérique.
Surtout, nous n'avons en général pas conscience de la masse d'informations que nous laissons en ligne. Nos différentes localisations, nos photos, contacts, ce qu'on aime, lit, écoute, mange...
Enfin, et c'est l'un des principaux enseignements de l'affaire Snowden, souligne Nitot, le profilage des internautes fait par des sociétés privées pour de la publicité ciblée rend économiquement possible la surveillance de masse par les Etats. S'ils veulent le faire, ils n'ont qu'à aller voir ces données collectées.
Lire aussi : Un monde sous surveillance : Edward Snowden en sept émissions
Dans cet ouvrage très grand public et pédagogique, Tristan Nitot propose des clés pour agir , comme paramétrer son téléphone, avoir un système d'exploitation à jour, utiliser le chiffrement... En somme, "apprendre une forme d'hygiène informatique", explique-t-il. Surtout, il s'attache à développer une pensée critique sur les mécanisme de surveillance. Il rappelle, en somme, il n'est pas trop tard pour "comprendre et agir".
L'équipe
- Production