A quoi sert le Festival d'Automne?

L'affiche du festival de Thibaud Croisy
L'affiche du festival de Thibaud Croisy  - Isabelle Giovacchini
L'affiche du festival de Thibaud Croisy - Isabelle Giovacchini
L'affiche du festival de Thibaud Croisy - Isabelle Giovacchini
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Tandis que le grand festival francilien des arts vivants bat son plein, petit tour d'horizons de ses enjeux et ambitions.

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Il y a deux semaines un jeune artiste répondant au nom de Thibaud Croisy a inauguré au théâtre de Vanves une sorte de rétrospective de quelques un de ses spectacles, sous le nom “F estival d’Automne à Croisy”, il avait même détourné l'affiche du festival officiel, utilisant la même police, la même couleur. Au delà de la blague, Thibaud Croisy entendait dire quelque chose du Festival, qu’il explicite ainsi sur les réseaux sociaux: “C’est dur d’exister au mois d’octobre à l’heure où le festival d’automne bat son plein”.

Alors qu’est-ce donc que ce festival? Il a été créé en 1972 par Michel Guy, secrétaire d’état à la culture sous George Pompidou, pour favoriser la création dans toutes les disciplines des arts vivants. Depuis lors le festival accueille en Île-de-France des spectacles du monde entier entre septembre et décembre, allant parfois même jusqu’à rogner sur le mois de janvier. Grâce au festival d’automne on a découvert en France des artistes comme Bob Wilson, Roméo Castellucci, Carmelo Bene, ou encore Merce Cunnigham. Cette dimension internationale subsiste aujourd’hui mais on ne peut pas dire que ce soit vraiment une spécificité du festival d’automne, tant les spectacles tournent aujourd’hui dans le monde entier.

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On peut aussi se poser des question sur la dimension créatrice du festival d’automne. Prenons l’édition de cette année. Comme depuis quelques temps, trois figures sont à l’honneur: Ramon Lazkano, compositeur basque que la plupart des spectateurs français découvrent en effet, Lucinda Childs et Krystian Lupa. Je ne ferai pas de jeunisme mais considérons tout de même que ces deux artistes ne sont pas de jeunes créateurs, on les voit en France depuis des dizaines d’années, ils n’ont pas besoin du cadre du festival pour créer et pour être joués dans des salles du monde entier. Dans le cas de Lucinda Childs on constate même que le portrait est d’ordre patrimonial puisque parmi les oeuvres qu’on a pu voir et qu’on va voir, point de création, son oeuvre la plus récente est la grande fugue qui sera créée à l’Opéra de Lyon dans quelques jours, avant son passage à Paris. Dans le même ordre d’idée, le festival qui revendique occuper des lieux variés et atypiques, n’est pas si mobile et adaptable, et les évènements qu’ils proposent ont tous lieu dans des espaces culturels reconnus comme tels, théâtres, centres de danse, galeries et musées de la région.

Le festival d’automne est un lieu de financement important pour les arts vivants, avec des fonds de l’Etat, de la Région, de la Mairie, et de mécènes aussi généreux que Pierre Bergé, Ne pourrait-on pas imaginer que le festival d’automne revienne à son ambition première de découverte et d’aide aux jeunes artistes?

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