A quoi sert le prix Marcel Duchamp?

"Flying rats" - Kader Attia
"Flying rats" - Kader Attia  ©AFP - DON EMMERT / AFP
"Flying rats" - Kader Attia ©AFP - DON EMMERT / AFP
"Flying rats" - Kader Attia ©AFP - DON EMMERT / AFP
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Tous les ans, au début de la FIAC, un artiste français ou résidant en France se voit attribué le prix Marcel Duchamp. Quels sont les enjeux derrière cette récompense?

Le prix Marcel Duchamp est une distinction créée récemment, en 2000, à l’initiative de collectionneurs français et de l’ADIAF, Association pour la diffusion internationale de l'art français. Le prix est remis tous les ans pendant la FIAC, Foire internationale d’art contemporain, dont la dernière vient de s’achever le 23 octobre dernier. Cette année le prix Marcel Duchamp est revenu à Kader Attia, qui l’avait manqué de peu, puisqu’il avait été en finale, en 2005. Kader Attia est un artiste français, qui réside et travaille surtout entre Berlin et Alger ses dernières années, qui a commencé par la photographie, aujourd’hui il réalise surtout des installations, mais aussi des dessins. C’est un artiste travaillé par la question postcoloniale, la rupture entre les deux rives de la méditerranée, il a une autre actualité en ce moment puisqu’il vient d’ouvrir ces derniers jours un restaurant et lieu de débats baptisé “La Colonie” (le mot est barré) à côté de la gare du Nord à Paris.

A quoi sert le prix marcel Duchamp?

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Pour l’artiste déjà à gagner de l’argent, à être soutenu pour une oeuvre future. La dotation c’est 35 000 euros et par ailleurs l’ADIAF s’engage à participer à un projet à hauteur de 30 000 euros.

À être reconnu à un moment de grand raout international sur la scène de l’art contemporain

À représenter la “France”, dans un contexte délicat pour le marché de l’art français.

On a reproché cette année à la directrice et comissaire de la FIAC Jennifer Flay, la présence indigente selon certains des galeries françaises dans la grande allée la plus en vue de la FIAC, elle s’est défendue de ce reproche notamment en reconnaissant que la France de l’art contemporain n’était pas au mieux de sa forme, et qu’il était plus juste selon elle de réserver ces places à des galeries plus créatives ou plus en vue. Le prix Duchamp et l’exposition qui va avec est un moment de valorisation de la création nationale. Parlons-en justement de cette exposition des finalistes, pour la première fois elle a eu lieu non pas à la FIAC mais au Centre Pompidou, renforçant le rôle de l’institution dans l’organisation et le choix des artistes. On peut se demander si ce rapprochement n’est pas aussi un des symptômes de la course effrénée que le musée d’art moderne mène depuis quelques temps aux financements privés. Il y a bien des enjeux derrière ce prix Duchamp, et pas seulement pour les artistes.