Comment achète-t-on des places de théâtre?

Une file d'attente devant le théâtre de la Scala à Milan en 1946
Une file d'attente devant le théâtre de la Scala à Milan en 1946 ©AFP - LEEMAGE
Une file d'attente devant le théâtre de la Scala à Milan en 1946 ©AFP - LEEMAGE
Une file d'attente devant le théâtre de la Scala à Milan en 1946 ©AFP - LEEMAGE
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Sur le net, et de moins en moins sur les sites des théâtres...

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Oui ça revient peu ou prou à se demander qui a payé quoi et comment. Une question économique dont un article récent du journal La Croix se fait l'écho, économique mais pas seulement, elle dit beaucoup de notre rapport à l'événement que constitue le spectacle dans nos vies, et aussi comme on va le voir c’est très révélateur de la différence entre la pratique du théâtre public et celle du théâtre privé. Alors comme ça fait bien longtemps j’imagine que vous, chers Fabienne, Philippe et Arnaud, vous n’avez pas réservé et payé vos places de spectacle, je vous rappelle un peu comment ça se passe pour le commun des mortels. Il y a deux manières en gros de se procurer un billet, directement via le site ou le numéro de téléphone d’un théâtre, ou depuis quelques années indirectement, sur des sites internet à qui la vente est sous-traitée. On ne se déplace plus donc pour acheter ses places, en dehors de quelques exceptions, de nombreux établissements proposent en effet des ventes express, souvent une heure avant le début de la représentation, souvent à destination des plus jeunes. Sinon tout se passe quasiment sur la toile. Je me suis penchée donc sur ces sites à qui les établissements sous-traitent leur billetterie, ils se nomment principalement Billetreduc, Ticketac et la Fnac bien sûr, et sont très largement utilisés aujourd’hui, pour plusieurs raisons: d’abord ils fonctionnent comme une sorte de bourse aux spectacles, pour quelqu’un qui a envie d’aller au théâtre, mais qui ne sait pas ce qu’il a envie d’aller voir: il arrive sur la page de Billetreduc, et des dizaines de choix s’offrent à lui, des spectacles représentés par leur affiche, avec un petit mot sur l’histoire de la pièce, classées par leur popularité ou par genre : comédie musical, stand-up, théâtre classique etc. Ce classement est tout de même assez singulier par exemple quand on clique sur l’onglet “théâtre classique” en ce moment on trouve aussi bien des Marivaux dans des petits théâtres privés que Cuisines et dépendances et Un air de famille d'Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri. Ce qui attire surtout le chaland sur ces sites ce sont les prix. Les réductions sont extrêmement importantes, parfois jusqu’à 40% pour une première semaine de représentations, quand un théâtre essaie de lancer une nouvelle production. Autre avantage pour le spectateur, les spectacles sont “notés”, commentés par le public, on peut donc se référer ou non à la popularité de certains, ou la mauvaise réputation d’autres. Ces sites ont longtemps été accusés de tirer les prix vers le bas, mais aujourd’hui force est de constater qu’ils sont au coeur de l’économie du spectacle vivant, la quasi totalité des théâtres privés parisiens y sont représentés, et une petite partie des grands établissements publics s’y sont mis, à Nanterre-Amandiers par exemple on n’y est pas hostile, même si à peine 3% des billets s’y vendent; J’ai vérifié tout à l’heure, on peut acheter des places pour Mayday de Julie Duclos à la Colline, le théâtre du Rond-Point surtout vend une partie conséquente de ses billets sur Billetreduc et consorts. Selon vous est-ce que cette manière de plus en plus répandue d’acheter ses billets, et donc de choisir ce qu’on va voir au théâtre, change fondamentalement la relation du public au théâtre vivant?

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