Ces derniers mois se multiplient expositions sur la danse, et performances dansées dans les musées. Qu'est-ce que ça veut dire de faire entrer la danse dans un musée?
- Philippe Noisette
- Anna Sigalevitch Journaliste et auteure
En cette rentrée la danse est dans les musées, ce n’est certes pas nouveau, mais depuis quelques mois c’est spectaculaire.
Il y a d’abord les expositions: il y a quinze jours a ouvert dans La Petite Galerie du Louvre une exposition intitulée Corps en mouvements - la danse au musée, dont les commissaires sont Jean-Luc Martinez, Président du Musée et le chorégraphe Benjamin Millepied, qui entend livrer une vision historique des conventions de la danse, en proposant différentes oeuvres qui représentent des “mouvements”. A Lyon depuis un mois on peut voir à l’espace Confluences une exposition intitulée Corps Rebelles sur les avant-gardes chorégraphiques, à travers moult films, des entretiens avec des danseurs, beaucoup de systèmes vidéos immersifs. Certains critiques sont assez dubitatifs face à ces expositions, à Libération Eve Beauvallet trouve que l’exposition lyonnaise est assez fourre-tout et que l’angle danse et société n’en est pas vraiment un. Au Louvre, on s’interroge aussi sur le caractère fort large du concept même de “mouvement” qui régit l’exposition.
Parallèlement à ces expositions, on danse aussi beaucoup dans les musées. Il y a quelques jours, Boris Charmatz présentait, toujours au Musée du Louvre, sa Danse de nuit dans le cadre du Festival d’automne à Paris. Alors pourquoi au Louvre? Il faut retracer rapidement la genèse du projet, Boris charmatz entendait au départ réaliser une performance hors théâtre, mais le contexte sécuritaire a eu raison de cette ambition première, il a bien fallu trouver des lieux fermés: le Louvre apparaît donc comme un lieu plus ouvert, moins institutionnel que le théâtre, au même titre que la cour du Musée des beaux arts ou la friche Babock à la Courneuve quelques jours auparavant. Finalement au Louvre il y avait beaucoup beaucoup de monde, difficile apparemment d’avoir une vision totale de ce qui se passait, et le son était assez cacophonique. C’est le risque de toute performance de ce type, à la fois plus proche des spectateurs et moins accessible. Pas facile, donc de faire rentrer la danse au musée semble-t-il. Est-ce que c’est un lieu qui lui convient?
Il y a quelques années Boris Charmatz à la tête du Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne avait écrit un manifeste pour changer le nom de l'institution en “musée de la danse”: trouvant le terme de musée plus ouvert, permettant je cite de “rassembler en un seul mouvement le patrimonial et le spectaculaire, la recherche et la création, l’éducation et la fête, l’ouverture à des artistes singuliers et le désir de faire oeuvre collective”. Il y fait remarquer par ailleurs qu’il n’y a pas de véritable musée de la danse en France
On peut se demander ce que le lieu musée fait à la danse: est-ce que c’est un écrin qui la met en valeur, lui donne une valeur statique et pérenne comme l’espère Boris Charmatz, ou est-ce que c’est un dangereux tombeau qui la fige?
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