Du théâtre politique en France

L'entrée du théâtre de la Cartoucherie à Vincennes
L'entrée du théâtre de la Cartoucherie à Vincennes ©AFP - BERTRAND GUAY / AFP
L'entrée du théâtre de la Cartoucherie à Vincennes ©AFP - BERTRAND GUAY / AFP
L'entrée du théâtre de la Cartoucherie à Vincennes ©AFP - BERTRAND GUAY / AFP
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Deux articles récents interrogent la dimension politique du théâtre joué en ce moment sur les grandes scènes de France.

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La semaine dernière a paru dans Le Figaro sous la plume d’Armelle Héliot un article intitulé “Mnouchkine contre Pitoiset, deux façons de faire renaître le théâtre politique”. La critique y expose sa vision de deux spectacles qui jouent en ce moment, La résistible ascension d’Arturo Ui dans une mise en scène de Dominique Pitoiset, qui est une pièce de Brecht mettant en scène le parcours d’une figure fasciste, mi Hitler mi Al Capone, et Une chambre en Inde, le nouveau spectacle du Théâtre du Soleil à la Cartoucherie. Armelle Héliot salue les deux mises en scène, même si elle a l’air de trouver que celle de Pitoiset mélange un peu tout - contexte des années trente et manifestations contre la loi travail -, et que ça nuit donc à la force politique du spectacle, qui finit par amalgamer toute référence patriotique à la France à un discours d’extrême droite. En revanche elle est franchement enthousiasmée par le spectacle de Mnouchkine qui parvient à créer chez le public un “rire libérateur” face à des images très contemporaines, notamment une scène de parodie d’un film de propagande de Daech.

Cet article m’a rappelé un autre article que j’avais lu il y a déjà quelques semaines, et qu’on peut trouver sur le site du Monde Diplomatique, - à l’autre bout donc de la palette idéologique - un article intitulé “Théâtre - De la Bastille à l’Elysée”, dans lequel Evelyne Pieiller confronte elle aussi deux façons de faire du “théâtre politique”. Elle constate d’abord, force citations à l’appui, la très grande présence dans les discours et les brochures des théâtres publics de la chose politique, citant par exemple la Comédie Française qui rappelle la “vertu du théâtre” en temps de montée des “peurs et des extrêmes”, ou encore l’initiative du théâtre de Gennevilliers qui annonce la création d’un “laboratoire de création et de recherche sur les mécanismes d’exclusion et de repli”. Elle prend surtout comme exemple, en l’analysant assez finement, le spectacle best-seller de Joël Pommerat Ca ira - Fin de Louis, dont elle fait le parangon d’une fausse présence du politique dans le théâtre: une pièce qui entend réactualiser les enjeux de la Révolution française aujourd’hui, mais qui ne dit rien du monde, ne pose aucune vraie question dérangeante ou actuelle sur ce qu’est une révolution, ou ce qu’est la terreur. Elle cite à l’inverse un spectacle que je n’ai pas vu, je ne sais pas si c’est aussi votre cas, un spectacle de Nicolas Lambert qui s’appelle Bleu-Blanc-Rouge, trilogie qui se joue jusqu’à la fin du mois de décembre au théâtre de Belleville à Paris, un seul en scène qui pose vraiment, selon Evelyne Pieiller, des questions sur l’actualité politique et les rouages vicieux de la Ve République. L’article du Monde Diplomatique ne cite pas beaucoup d’exemples pour étayer son propos, mais pose une question qui me paraît judicieuse: existe-t-il dans le théâtre public aujourd’hui en France, une certaine lâcheté politique?

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