Jeff Koons a annoncé lundi 21 novembre qu'il allait faire don d'un monumental bouquet de tulipes à la France en signe de fraternité après les attentats.
- Yasmine Youssi Journaliste à Télérama
- Anaël Pigeat Editor-at-large du mensuel The Art Newspaper édition française, critique d’art et journaliste à Paris Match, productrice de documentaires sur France-Culture, ancienne critique à La Dispute sur France Culture
Lundi dernier, à l’Ambassade des Etats-Unis à Paris, Jeff Koons a annoncé qu’il allait offrir à la France une imposante sculpture, “Bouquet of tulips”, un bouquet de tulipes. Alors la sculpture n’existe pas encore, elle est en cours de production en Allemagne, mais on sait déjà à quoi elle va ressembler: une sculpture monumentale de plus de 10 mètres de haut, en bronze et en aluminium poli, représentant une main réaliste tenant un bouquet de tulipes qui elles le sont nettement moins, et s’apparentent comme souvent chez Koons à des ballons colorés gonflés à l’hélium. Cette sculpture doit être installée l’année prochaine Place de Tokyo à Paris, c’est-à-dire sur l’esplanade qui sépare le Palais de Tokyo et le Musée d’art moderne dans le 16e arrondissement, face à la Seine. C’est la première oeuvre commémorative de Jeff Koons, un cadeau que l’artiste le mieux payé du monde fait à la ville en signe de fraternité après les attentats du 13 novembre dernier. Un cadeau dont l’ambassadrice américaine Jane D. Hartley est à l’initiative, et qui a été salué lundi par la Maire de Paris Anne Hidalgo, entourée de près par les deux directeurs des musées concernés Jean de Loisy et Fabrice Hergott, pour qui l’installation est sans doute du pain béni. Le Figaro a obtenu une interview de l’artiste américain que je recommande vraiment de lire - elle est en ligne dans son intégralité - tant elle est lisse et au final insignifiante, se cantonnant sur le sujet des attentats à l’expression de pitié et de chagrin bon ton (je cite “j’ai confiance en ce bouquet de tulipes car il transmet des valeurs universelles partagées entre les Etats-Unis et la France (...) symbole d’énergie légère, de gaieté il témoigne de notre respect et de notre hommage aux victimes de la violence et à leurs familles (...) il permettra de dépasser ces horreurs et défendre la civilisation à travers l’art”), et évitant toutes les questions relatives à l’élection d’un nouveau Président aux Etats-Unis. Un discours aussi froid, poli et mat que les tulipes, en question, pour une sculpture qui ne fait déjà pas toute l’unanimité. Dans Le Monde hier le journaliste et critique ici à La Dispute Harry Bellet s’étonne ainsi de l’absence de l’architecte des bâtiments de France, ou des monuments historiques, dont l’avis sur l’installation d’une sculpture aussi imposante dans un lieu si chargé aurait pu être intéressant, mais aussi sur l’origine des fonds qui vont être levés pour l’installation de cette oeuvre, une installation qui ne fait pas partie du cadeau, estimée selon l’AFP à trois millions d’euros…
L'équipe
- Production
- Réalisation