Que jouer dans un théâtre rond?

Le théâtre élisabéthain dessiné par Andrew Todd dans les jardins du château d'Hardelot à Condette
Le théâtre élisabéthain dessiné par Andrew Todd dans les jardins du château d'Hardelot à Condette ©AFP - PHILIPPE HUGUEN / AFP
Le théâtre élisabéthain dessiné par Andrew Todd dans les jardins du château d'Hardelot à Condette ©AFP - PHILIPPE HUGUEN / AFP
Le théâtre élisabéthain dessiné par Andrew Todd dans les jardins du château d'Hardelot à Condette ©AFP - PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Une scène ronde est une gageure pour les metteurs en scène, qui tendent à bouder les rares salles circulaires qui existent en Europe.

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Quand on va au théâtre on est confronté en général à deux types d’espaces, le théâtre à l’Italienne, et puis le théâtre purement frontal, salle rectangulaire, où on est tous en rang face à la scène. Or il existe au moins une autre architecture même si elle est plus rare, c’est le théâtre rond. A ce propos on peut lire dans le journal Le Monde daté du 7 janvier dernier un article très intéressant de Rosita Boisseau, intitulé “La quadrature des théâtres circulaires”. Elle cite plusieurs lieux européens, dont le plus connu est probablement le Roundhouse dans le quartier de Camden à Londres, mais aussi le Piccolo Teatro à Milan, ou encore un des deux lieux qui constituent la Comète à Châlons-en-Champagne: un ancien cirque bâti en dur. Ces lieux ont des histoires différentes, mais la plupart du temps ils sont devenus des théâtres après avoir rempli d’autres emplois, bien souvent industriels: citernes, gazomètres, ou autres lieux de stockage. Surprenant, quand on sait que le rond fut la forme première, archaïque, de bien des théâtres, le théâtre indien par exemple traditionnellement joué dans des arènes, ou évidemment plus proche de nous le théâtre élisabéthain. Aujourd’hui faire du théâtre dans un rond n’est pas du tout évident, comme le constatent les architectes et les directeurs de ces salles, qui se sont constituées en association il y a quelques années: le “réseau 360°”, pour défendre leurs lieux, et une certaine idée du spectacle. Le Président de l’association, Philippe Bachman, qui dirige la Comète à Châlons parle même d’”utopie du rond”: c’est dire si le dispositif de placement du public est important, et détermine les choix des spectacles et la manière de les voir. Il faut imaginer la gageure que c’est pour un metteur en scène de monter du théâtre sur une scène ronde entourée de public, il faut penser sans cesse à toutes les dimensions des corps, au mouvement des déplacements: bref on ne se précipite pas dans les théâtres en rond, à part pour voir des formes qui s’y adaptent traditionnellement comme le cirque ou éventuellement des spectacles dansés et musicaux, ou à moins de transformer le rond en espace frontal traditionnel, ce que font finalement beaucoup de lieux pour vivre. Dernier exemple en date, l’été dernier a été inauguré à Condette, dans le parc du château d’Hardelot un théâtre élisabéthain tout en bois, c’est le premier théâtre élisabéthain en France. Il n’a accueilli pour le moment que des spectacles musicaux, et son architecte, Andrew Todd, se désolait au moment de son ouverture que ne soient pas encore programmé de théâtre, alors même que Ariane Mnouchkine, Thomas Ostermeier ou encore Peter Brook semblaient s’intéresser à la construction de ce lieu. C’est un paramètre intéressant, parce qu’au delà de son enjeu purement architectural, il pose une question politique, celle du public: comment en est-on venu à systématiser au théâtre le dispositif frontal, et puis une question esthétique, celle du répertoire: y a-t-il des textes qui se prêtent plus que d’autres à ce type de lieux, ou est-ce uniquement une question de mise en scène ?

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