Le manque de reconnaissance est-il dû au management ?

Travail et Vie
Travail et Vie ©Getty - Nora Carol Photography
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Les difficultés de recrutement s’expliquent en partie par un manque d’attractivité des métiers, c’est aussi très souvent le manque de reconnaissance qui est incriminé. De quoi s’agit-il ?

Dans la plupart des enquêtes qui s’intéressent aux raisons pour lesquelles il existe aujourd’hui un fort malaise au travail, il est question du manque de reconnaissance. Déjà en 1988, lors de la longue grève des infirmières, la question de la reconnaissance était centrale. "Ce que nous réclamons, nous, c’est un statut, le droit et la reconnaissance de nos compétences", déclarait alors la présidente de la coordination des infirmières. Le premier ministre de l’époque, Michel Rocard, avait repris l’expression à son compte : "Nombreux sont les fonctionnaires, je le sais aussi pour les enseignants, mais ce ne sont pas les seuls, qui considèrent que leur métier n’est pas reconnu par la société", avait-il dit. Le ministre de la santé, Claude Evin, avait ajouté : "A côté des revendications à caractère financier, le mouvement a manifesté un désir de reconnaissance, une demande d’identité". Aujourd’hui aussi, les infirmières qui quittent leur poste réclament de la reconnaissance, comme les enseignants, les chercheurs, les agriculteurs et toutes celles et ceux qui se considèrent maltraitées dans leur travail.

Des salariés en quête de reconnaissance

En 2014, nous avons engagé une enquête auprès d’environ 200 personnes dans une douzaine d’entreprises différentes, de toutes taille, pour tenter de comprendre ce que recouvrait cette demande de reconnaissance. Il en a été rendu compte dans un ouvrage intitulé : Travailler au XXIème siècle. Des salariés en quête de reconnaissance. Plusieurs types de configurations ont été repérées à l’origine du déni de reconnaissance. Les unes concernent la nature de l’activité et la manière dont on permet aux individus d’exercer celle-ci. Lorsque l’activité est entravée, qu’elle ne peut pas être menée du début à la fin et que de ce fait elle perd sons sens ou encore lorsqu’il n’est pas possible d’isoler et de rendre visible la contribution de chacun, on est dans un cas qui peut entraîner une forme de déni de reconnaissance. La parcellisation des activités, qui peut sembler rationnelle du point de vue de l’efficacité mais qui fait perdre son sens au travail, constitue aussi un facteur fréquent. L’intensification du travail qui en résulte, surtout lorsque les effectifs ne suivent pas, entraîne le sentiment de bâcler son travail. C’est ce qui se passe aujourd’hui à l’hôpital.

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Une absence de rapport entre contribution apportée par le travail et rétribution obtenue

Une autre configuration fréquente est l’absence de rapport entre la contribution apportée par le travail et la rétribution obtenue : c’est alors le sentiment de justice qui est alors bafoué. C’est le cas lorsque l’effort n'est pas vu ou récompensé à sa mesure, ou lorsque la distribution des rétributions entre les collègues est considérée comme injuste. (...)

La chronique est à écouter dans son intégralité en cliquant sur le haut de la page. Histoire, économie, sciences, philosophie, histoire de l'art… Écoutez et abonnez-vous à la collection de podcasts "Le Pourquoi du comment" ; les meilleurs experts répondent à toutes les questions que vous n'osez poser