Les travailleurs doivent-ils avoir peur de l’intelligence artificielle ?

Écran de données futuriste de contrôle de robot d'intelligence artificielle
Écran de données futuriste de contrôle de robot d'intelligence artificielle ©Getty - Yuichiro Chino
Écran de données futuriste de contrôle de robot d'intelligence artificielle ©Getty - Yuichiro Chino
Écran de données futuriste de contrôle de robot d'intelligence artificielle ©Getty - Yuichiro Chino
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Au début des années 2010, on ne comptait plus les écrits annonçant la disparition du travail et son remplacement par des robots : et aujourd'hui, qu'en est-il ?

Au début des années 2010, le sujet majeur d’inquiétude concernant les effets de l’intelligence artificielle sur le travail était l’emploi : on ne comptait plus les écrits annonçant la disparition du travail et son remplacement par des robots et machines capables d’effectuer des tâches de plus en plus complexes. Est-ce toujours le cas aujourd’hui ?

"Parmi les critiques de ces études, un certain nombre de travaux avaient également remis en cause l’idée même que les travailleurs seraient remplacés par les machines"

On se souvient du fameux article de Frey et Osborne qui, en 2013, avait indiqué que 47% des emplois américains risquaient de disparaître à un horizon relativement proche. Ces prévisions avaient été fortement critiquées en termes de méthode mais également contredites par une multitude d’autres qui leur avaient succédé et qui affichaient toutes des chiffres de destructions d’emplois différents.  Parmi les critiques de ces études, un certain nombre de travaux avaient également remis en cause l’idée même que les travailleurs seraient remplacés par les machines : le chercheur Antonio Casilli avait mis en évidence que loin de ce fantasme du grand remplacement, la vérité était qu’il y avait de plus en plus de travail humain invisibilisé, exploité et "tâcheronisé", la plateformisation du travail masquant la forte dégradation de celui-ci.

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Mais ce que pointent aujourd’hui les recherches est d’une nature différente : ce n’est plus tant le remplacement des humains par les machines qui est craint que la mise de l’intelligence artificielle au service de la surveillance et de l’enrégimentement des humains. Une note récente de l’Institut syndical européen intitulée « Management algorithmique et négociation collective » a permis de pointer l’ensemble des opérations qui sont aujourd’hui prise en charge par les algorithmes. Deux grands risques sont notamment mis en évidence. D’abord, les outils d’intelligence artificielle sont désormais massivement utilisés pour surveiller et contrôler les salariées et d’une manière plus générale les travailleurs. Ils analysent les courriels et messages de ceux-ci pour contrôler leur productivité, repérer les travailleurs les plus innovants, mais aussi les comportements déviants. Ils permettent de contrôler les performances physiques au travail mais également le comportement numérique des travailleurs. Il est aussi possible de suivre l’état de santé physique et mental de ces derniers. (…)

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Retrouvez la chronique de Dominique Méda dans Le Monde. 

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