

La croissance économique et la poursuite sans frein de l’enrichissement monétaire, individuel et collectif, sont-ils nécessaires au progrès ?
En 1848, dans ses Principes d’économie politique, l’économiste, John Stuart Mill apportait une réponse aux accents profondément moderne_._ Bien avant l’invention de la comptabilité nationale - qui date de la Seconde Guerre mondiale - et donc, bien avant l’assimilation du progrès à la croissance du Produit Intérieur Brut, l’augmentation de la production a été considérée comme à l’origine du progrès. En 1776, Adam Smith fasciné par la puissance productive du travail montre dans ses Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations comment "cette grande multiplication dans les produits de tous les différents arts et métiers, résultant de la division du travail est ce qui, dans une société bien gouvernée, donne lieu à cette opulence générale qui se répand jusque dans les dernières classes du peuple".
Qui dit croissance économique dit multiples progrès
Les deux siècles suivants apporteront la preuve que la croissance économique - qui démarre réellement autour de 1820 en Europe - s’accompagne de multiples progrès, qu’il s’agisse de l’espérance de vie, de la santé, des conditions de vie quotidienne, de l’alimentation, ou des conditions de travail…
Mais la croissance économique est-elle nécessaire au progrès ? Non, répond John Stuart Mill en 1848, dans un texte saisissant de modernité extrait des Principes d’économie politique : "Que l’énergie de l’humanité soit appliquée à la conquête des richesses, comme elle était appliquée autrefois aux conquêtes de la guerre (…) cela vaut mieux que si l’activité humaine se rouillait en quelque sorte et restait stagnante. Tant que les esprits sont grossiers, il leur faut des stimulants grossiers : qu’ils les aient donc. Cependant, ceux qui ne considèrent pas cette jeunesse du progrès humain comme un type définitif seront excusables peut-être de rester indifférents à une espèce de progrès économique dont se félicitent les politiques vulgaires : au progrès de la production et de la somme des capitaux […]. Je ne vois pas pourquoi il y aurait lieu de se féliciter de ce que des individus déjà plus riches qu’il n’est besoin doublent la faculté de consommer des choses qui ne leur procurent que peu ou point de plaisir, autrement que comme signe de richesse […]."
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