Pourquoi l’impôt sur l’héritage est-il si impopulaire ?

On utilise ce terme pour désigner une société au sein de laquelle les inégalités de patrimoine fondées sur la naissance sont beaucoup plus fortes que les inégalités observées pour les revenus du travail. Une société dans laquelle il faut avoir la chance d’hériter pour avoir une chance de parvenir tout en haut de l’échelle en matière de richesse.

Jusqu’au début du XXème siècle, c’était le cas dans de nombreux pays développés. Puis la situation a brutalement changé avec les deux guerres mondiales et les politiques publiques mises en place peu après. A tel point que la seconde moitié du XXe siècle a été marquée par une forte réduction des inégalités et une forte mobilité économique et sociale. Mais cette période n’a-t-elle pas été finalement qu’une courte parenthèse dans l’histoire ?

Dans une note publiée en 2021, le Conseil d’analyse économique décrit un retournement de situation, entamé il y a une trentaine d’années. Il observe ainsi une forte augmentation du patrimoine dans le revenu total (de 300 à 600% depuis 1970). Mais aussi une concentration croissante du patrimoine très marquée aux États-Unis, mais aussi à l’œuvre en France. Et une augmentation forte de la somme des transmissions patrimoniales qui a pour effet de redonner à l’héritage un rôle déterminant dans la constitution du patrimoine. La fortune héritée représente désormais 60 % du patrimoine total contre 35 % en moyenne au début des années 1970.

Les enfants des riches d’aujourd’hui seront-ils nécessairement les riches de demain ?

Sommes-nous confrontés à un risque de "solidification d’inégalités patrimoniales de type dynastiques" demandent les auteurs de la note ? Leurs travaux montrent qu’au sein d’une cohorte d’âge, la moitié des individus aura hérité de moins de 70 000 euros de patrimoine tout au long de sa vie, et parmi ceux-là, une large fraction n’aura hérité d’aucun patrimoine. A contrario, moins de 10 % d’individus hériteront de plus de 500 000 euros de patrimoine au cours de leur vie. Ce regain d’importance du patrimoine hérité dans la distribution des niveaux de vie alimente un regain d’intérêt pour l’impôt sur l’héritage dans l’ensemble des pays riches. En France, un système en apparence progressif cache en réalité une myriade d’exonérations et d’exemptions par exemple sur l’assurance vie ou la transmission d’entreprises familiales, qui bénéficient surtout aux plus riches (...)

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