Pourquoi les étudiants sont-ils mécontents des études en sciences économiques ?

Etudiants à la sortie d'un campus
Etudiants à la sortie d'un campus ©Getty - Alto/Odilon Dimier
Etudiants à la sortie d'un campus ©Getty - Alto/Odilon Dimier
Etudiants à la sortie d'un campus ©Getty - Alto/Odilon Dimier
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Dès les années 2000, les étudiants déploraient des cours d’économie à l’université totalement désincarnés, coupés des faits économiques et de leur description. Qu'en est-il aujourd'hui ?

Depuis 1981 au moins, chaque grande crise économique et financière a été l’occasion de reposer la question de la responsabilité des économistes dans la crise. A la faveur de celle de 1993, par exemple, le journal Le Monde titrait de manière provocatrice "Quand les économistes se trompent". L’article interrogeait la capacité de ces économistes à prévoir les crises. Il soulignait le manque de pluralisme qui pouvait conduire à un certain conformisme des prévisions. Sans doute en effet est-il plus confortable, ironisait le journal, d’avoir tort tous ensemble, plutôt que chacun dans son coin.

"Les cours d'économie n’étaient plus qu’une offre dogmatique"

Au début des années 2000, la profession des économistes a une fois encore été critiquée. Mais cette fois, la critique provient d’un groupe d’étudiants très mécontents du contenu de leurs études. Au départ, ce mécontentement émanait des étudiants de l’École normale supérieure mais ils ont été ensuite rejoints par ceux de Paris 1 et d’autres. Quel était le problème ? Les étudiants déploraient que les cours d’économie à l’université soient totalement désincarnés, coupés des faits économiques et de leur description. Les cours n’étaient plus, selon eux, qu’une offre "dogmatique", qui ne mettait en avant qu’une seule théorie économique. Qui plus est, celle qui considère que les marchés sont les modes de coordination les plus efficaces.

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Ce parti pris ne souffrait d’aucune contestation. Les maquettes avaient relégué aux oubliettes les théories keynésiennes, marxistes, régulationniste, conventionnaliste. Comme s’il ne pouvait plus y avoir de débat ou de controverse en économie entre, disons, et pour faire simple, les libéraux et les keynésiens, les tenants des approches par le marché, ou par le capitalisme. Et comme si pour dire quelque chose d’intéressant en économie, il ne fallait pas s’ouvrir aux autres sciences sociales, à la sociologie, à la science politique et surtout à l’histoire etc.  Cette critique des étudiants des années 2000 aura été suffisamment sérieuse (et la période politiquement propice) pour que le ministère de l’époque mandate J.-P. Fitoussi, pour la rédaction d’un rapport sévère sur l’état de l’enseignement de l’économie. Comme bien d’autres, ce rapport sera peu suivi d’effets. (...)

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