Lorsqu’on étudie le transformations économiques, institutionnelles ou du capitalisme, il faut tenir compte de phénomènes d’inertie, de "lock-in", liés à l’existence d’institutions formelles ou informelles. De quoi s'agit-il?
Ce sont des règles qui peuvent être - ou non- contraignantes, qui ont été conçues par les humains à la fois pour encadrer et pour influencer leurs comportements, leurs interactions et leur coordination. Parmi ces règles et institutions formelles, il y a par exemple les lois et les règlements qui sont édictés par les pouvoirs publics au niveau international, national ou local. Parmi les règles et institutions plus informelles, il y a les coutumes, les conventions, les routines, mais aussi les habitudes sociales ou techniques, ou encore les croyances et les valeurs. Même lorsque ces institutions et ces règles sont informelles, elles orientent le comportement des acteurs économiques et les manière qu’ils ont de se coordonner.
Ce que suggère l’idée de "dépendance au sentier" est que, même lorsqu’il y a des demandes au changement, il peut y avoir des formes d’inertie, de verrou
Les institutions, ont tendance à produire des régularités de comportements. Par exemple, le travail des enfants est interdit et on voit peu de propositions de lois visant, en France, que les plus jeunes soient mis au travail. De même, conventionnellement les bénévoles ne sont pas rémunérés. Et peu réclament un salaire en contrepartie de leur activité. Donc en soi, les institutions sanctionnent, légitiment, renforcent les régularités.
Ce que suggère l’idée de "dépendance au sentier" est que, même lorsqu’il y a des demandes ou des injonctions au changement (de règle, d’organisation, de techniques, de politiques), il peut y avoir des formes d’inertie, de verrou, de lock-in.
Le clavier QWERTY, pour la version anglo-saxonne, est devenu une norme rigide, de même que le clavier AZERTY, en France
Un article de 1985 paru dans l’American Economic Review, de Paul David en fournit une illustration efficace. L’économiste montre comment le clavier avec des touches organisées en "QWERTY" (pour la version anglo-saxonne), était tout à fait rationnel techniquement pour résoudre les problèmes des machines à écrire ancestrales, en particulier pour éviter que les petits marteaux de chaque lettre ne s’entrechoquent, et pour espacer les lettres qui étaient le plus souvent fournies les unes après les autres (par exemple T-H-E en anglais). Mais ce clavier QWERTY n’était plus la solution technique la plus ergonomique lorsque les machines informatiques ont fait leur apparition, et que les marteaux ont disparu. Les secrétaires auraient sans aucun doute été plus efficaces avec une autre organisation des lettres de leur clavier. Mais l’effet de dépendance technique, mais aussi l’organisation et les habitudes de millions d’individus en ont décidé autrement. Et dans les pays anglo-saxons, le clavier QWERTY est devenu une norme rigide, de même que le clavier AZERTY , en France. (…)
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