L’inflation, l’augmentation générale des prix est-elle vraiment un indicateur du coût de la vie ? Le PIB mesure-t-il ce qui compte ? La croissance rend-elle compte du véritable progrès des sociétés ?
Ces questions sont importantes, et si elles sont restées assez confidentielles jusque dans les années 80 et 90, elles ont commencé à se faire entendre de manière plus spectaculaire (en particulier en France, dont les débats étaient assez atones) jusqu’à la commission Stiglitz-Sen. Cette commission d’économistes a été mise en place par le président Sarkozy qui souhaitait que ces derniers planchent sur d’autres manières que le PIB et la croissance, pour décrire le progrès économique et le progrès social. On peut, sans aucun doute considérer cette demande comme stratégique ou cynique, du point de vue de l’homme politique qu’était le président de la République de l’époque : comme la croissance était très faible dans les années 2006-2008, casser le thermomètre officiel, et mettre en place quelque chose de plus séduisant pour son bilan, était certainement tentant.
Mais on ne peut le penser des économistes qui ont accepté de travailler pendant 18 mois autour de cette question : Joseph Stiglitz, Daniel Kahneman, Amartya Sen, Nancy Folbre, Jean Gadrey et tant d’autres, ont accepté de siéger dans cette commission précisément parce qu’ils considéraient que le PIB et la croissance n’étaient plus des indicateurs adéquats pour rendre compte des défis du XXIème siècle. Et le rapport qu’ils ont produit en 2009 le souligne de manière éclatante, marquant une étape importante dans le débat sur d’autres indicateurs.
Les économistes ont mis beaucoup de temps à s’emparer de la question
Laquelle avait pourtant été largement labourée par des penseurs depuis longtemps - qu’on songe aux Meadows autour des années 1960, dans le cadre du Club de Rome, ou encore, de Dominique Méda avec son livre séminal en France, Qu’est-ce que la Richesse ; de Patrick Viveret, auteur d’un rapport sur de nouveaux facteurs de richesse remis au secrétaire d'Etat à l'économie solidaire, Guy Hascoët, en 2000 - ou encore, avec Jean Gadrey, de nos travaux sur Les nouveaux indicateurs de richesse (2012), dont le premier rapport date de 2003.
En tout état de cause, le rapport de la Commission Stiglitz-Sen a correspondu à une période de multiplication d’initiatives partout dans le monde, en particulier au niveau des organisations internationales (...).
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