

Est-ce la nature même de l’homme ou le système capitaliste qui est responsable de la crise climatique et environnementale ?
Une autre manière de poser cette question est d’opposer l’anthropocène au capitalocène : l’anthropocène est le nom proposé par des scientifiques à la suite du prix Nobel de chimie, Paul Crutzen, pour désigner une nouvelle époque géologique qui se caractérise par l’impact de plus en plus déterminant des activités humaines sur les grands équilibres de la biosphère et par une pression considérable sur les ressources naturelles. L’anthropocène désigne donc les transformations et dégradations environnementales provoquées par l’activité humaine : réchauffement climatique, niveau de pollution sans précédent, perturbation du cycle de l’eau, déforestation, érosion de la biodiversité, fonte des glaces, acidification des océans, etc. Une véritable liste à la Prévert ! Cependant, en ne pointant que l’activité humaine sans plus de problématisation, le concept d’anthropocène semble cautionner l’idée que cette pression sur l’environnement est liée exclusivement à la nature humaine et non au système économique dans lequel s’inscrit son activité.
Certains chercheurs préfèrent une qualification plus ciblée en évoquant le " capitalocène ", à savoir, l’ère géologique du capital
Ce concept de capitalocène revient à analyser en parallèle les différentes phases d’évolution du capitalisme et les dynamiques socio écologiques globales qui y sont associées. Dans cette histoire longue du capitalocène, l’avènement du charbon comme source d’énergie dominante supplantant l’hydraulique avec l’utilisation de la vapeur et de la machine de Watt (1769) a permis que s’enclenche une accélération de l’accumulation du capital. C’est là que commence vraiment la pression de l’activité humaine sur l’environnement. Le pétrole, quant à lui, vit son heure de gloire avec la guerre mécanisée. Pour autant la consommation de de charbon ne baissa pas.
Les deux guerres mondiales furent donc des accélérateurs du capitalocène
Les choix et innovations techniques initialement liés à la guerre irriguèrent la société civile, pensons par exemple à la motorisation et à l’aéronautique. Un consensus très productiviste tournant le dos à toute forme de modération énergétique s’imposa. Ce prisme du concept de capitalocène nous invite à réviser notre appréciation rétrospective d’une période économique longtemps considérée comme idyllique, à savoir la période fordiste également qualifiée de Trente glorieuses. Celle-ci vit s’imposer un mode d’accumulation couplant production de masse et consommation de masse, très énergivore, peu respectueux de l’environnement et imposant une économie hautement carbonée. La consommation de masse, en particulier alimentaire, devint très dépendante des plastiques, des fertilisants et autres pesticides tous dérivés du pétrole. Le constat de l’accélération de la dégradation environnementale avec l’avènement du capitalisme financiarisé interroge à juste titre sur la compatibilité entre le capitalisme et la préservation de l’habitabilité de la terre pour l’espèce humaine. Le capitalisme qui n’a cessé de se transformer dans l’histoire pourrait-il se réformer au point de respecter les limites planétaires ? (…)
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