Le " Quantitative Easing " : pourquoi, pour qui ?

Ménage fortuné
Ménage fortuné ©Getty - David Lees
Ménage fortuné ©Getty - David Lees
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Le QE, acronyme de " quantitative easing " - assouplissement quantitatif - est l’instrument qu’ont privilégié les banques centrales face à la crise financière, puis sanitaire. Ce sont des achats de titres dont les effets ne sont pas nécessairement ceux attendus

 Le QE, acronyme de  " quantitative easing ", est l’instrument que toutes les grandes banques centrales ont dégainé face à la crise financière de 2007-2008, et plus encore, pendant la crise sanitaire. La Banque du Japon l’avait déjà expérimenté, entre 2001 et  2006, pour tenter de combattre la baisse généralisée des prix et des salaires qui paralysait l’économie nippone. La Réserve fédérale américaine - la Fed - s’y est mise fin 2008 et commençait à le rengainer, quand la crise sanitaire l’a amenée à le réutiliser plus encore. La BCE ne s’y est résolue qu’à partir de 2015, après pas mal de  discussions pour savoir si c’était bien compatible avec son mandat, centré sur la stabilité des prix et lui interdisant toute aide financière directe aux États.  

En quoi consiste le QE ?

Le QE consiste pour la Banque centrale à faire des achats fermes de titres sur les marchés financiers, alors que dans ses opérations usuelles, elle prête sa monnaie aux banques et ne prend des titres que temporairement, en pension ou en garantie. Avec le QE, elle achète des titres et les garde longtemps - des titres de dette publique surtout, non pas directement aux  émetteurs, mais aux banques et à d’autres investisseurs du monde entier qui en détiennent. Cela fait beaucoup augmenter la taille de son bilan. Celui de la BCE et des BCN de la zone euro – qui forment  l' Eurosystème –  a quadruplé depuis 2015, atteignant aujourd’hui plus de 8000 milliards d’euros.  

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En théorie, on en attend beaucoup d’effets : que cela stimule l’activité des banques et donc leurs crédits à l’économie ; que cela augmente la monnaie en circulation et fasse  remonter l’inflation au niveau voulu par la Banque centrale ; que cela  soutienne le prix des titres et donne un sentiment de richesse aux ménages qui en possèdent - de quoi les amener à dépenser plus ; que cela réduise les taux d’intérêt de long terme et fasse ainsi diminuer le coût du  financement des États et des entreprises sur les marchés de la dette - de quoi, en principe faire augmenter l’investissement ; enfin, que tous ces effets soient bien anticipés, car cela participe à leur réalisation.  

En pratique, le QE a surtout fait monter le prix des  titres, baisser les taux d’intérêt de long terme, favorisé le crédit  immobilier, et ancré les anticipations autour de l’idée que la Banque centrale sera toujours là pour aider les banques et les marchés.  

A qui profite la hausse du prix des titres ?

La hausse du prix des titres profite certes à ceux qui en détiennent (les banques, les assurances, les fonds d’investissement, les ménages fortunés...), mais vous prive des effets de la politique monétaire, si vous n’en possédez pas. La politique monétaire actuelle profite aux riches ; à ceux qui ne le sont pas, c’est moins sûr… (...)

L'émission est à écouter dans son intégralité dès jeudi à 14h55 en cliquant ICI, et sur l'antenne de France-Culture ou sur l'application Radio-France

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