

Quand les risques sont exogènes, les réactions des individus aux anticipations sur ces risques n'amplifient pas les risques. Si cela est le cas en météorologie, c'est différent en finance où la volonté de tous de se protéger contre des risques anticipés décuple les risques globaux. Qu'en est-il ?
Quand les prévisions météorologiques nous indiquent qu’il va pleuvoir abondamment et que chacun sort avec son parapluie, l’épisode pluvieux ne résulte pas du comportement des agents pour se prémunir des effets de la pluie. En d’autres termes, le temps qu’il fait n’est pas affecté par les prévisions sur celui-ci et par les réactions individuelles que ces prévisions suscitent. Il ne pleut pas parce que tout le monde sort avec un imperméable ou un parapluie. Le risque global de pluie joue ailleurs, indépendant de la réaction des acteurs à ce risque. On dit qu’il est exogène.
C’est très différent en finance, si tout le monde cherche à se prémunir de risques anticipés - ce qui revient à ce que tout le monde sorte avec son parapluie ou imperméable si les prévisions disent qu’il va pleuvoir, il ne va pas seulement pleuvoir, ça va être le déluge. En finance, ce sont bien les comportements individuels visant à se prémunir des risques annoncés qui les amplifient. Autrement dit, dans les termes de l’économiste, en période de stress financier, le risque n’est plus exogène, il devient endogène c’est-à-dire que ce sont les actions, réactions et interactions des agents de la sphère financière qui créent et amplifient les risques.
Du paradoxe de la liquidité
On retrouve ici ce que l’on appelle le "paradoxe de la liquidité", à savoir que la liquidité n’existe que tant qu’elle n’est pas testée. Si tout le monde veut en même temps vendre ses titres pour récupérer de la liquidité ou pour racheter des titres plus sûrs, alors la liquidité disparait. On dit que le marché est à sens unique, puisque tout le monde veut vendre, personne ne veut acheter, il n’y a plus de contreparties sur le marché, et les prix s’effondrent. Cette propriété est essentielle pour penser et structurer les politiques "macroprudentielles", c’est-à-dire les politiques publiques visent à assurer la stabilité financière globale et donc à prévenir les crises financières. La difficulté vient du fait que le régulateur a autorisé les banques à utiliser leurs modèles de gestion des risques pour déterminer leur capital règlementaire, c’est à dire le poste du bilan qui sert à absorber les pertes non anticipées.
Or, les modèles de risque des banques se conforment à la logique des modèles de météorologie, c’est-à-dire que les risques sont considérés comme ne résultant pas des comportements collectifs des banques, les risques sont considérés comme exogènes…
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