

Pendant le confinement, plus de quatre millions et demi de personnes - les travailleurs de la deuxième ligne - ont continué à travailler sur site au contact du public et de leurs collègues. Quelles sont leurs conditions de travail et d’emploi ?
En mars 2020, dans les premières semaines du confinement, toutes celles et ceux qui ont continué à travailler sur site, soignants et non soignants, ont été présentés sous la dénomination de « travailleurs de la première ligne ». L’expression relevait à la fois du vocabulaire militaire – le Président de la République avait indiqué que nous étions en guerre contre le virus - et du vocabulaire médical ; l’équipe de première ligne est celle qui reçoit en premier le patient. L’expression a ensuite été réservée aux seuls professionnels du soin, les autres étant désormais rassemblés sous le terme « travailleurs de la deuxième ligne ». Sept mois après le début du confinement, le 30 octobre 2020, la Ministre du travail confiait à deux expertes, Christine Erhel et Sophie Moreau-Follenfant, une mission « visant à accompagner les partenaires sociaux dans la démarche de reconnaissance des travailleurs de la deuxième ligne ». Parfait prélude à une hausse des rémunérations, voire à une réflexion de fond sur la hiérarchie des salaires…
Hors professions médicales, ce sont 4,6 millions salariés du secteur privé qui ont continué à travailler au contact de leurs collègues et du public pendant le premier confinement, répartis dans 17 professions
17 professions allant des agriculteurs aux aides à domicile, en passant par les ouvriers du bâtiment, les caissières, vigiles et personnel d’entretien. Mais cela donne surtout une image saisissante des conditions de travail et d’emploi de ceux-ci. Le revenu salarial net annuel de ces travailleuses et travailleurs de la deuxième ligne est inférieur à 12 000 euros – les aides à domicile et le personnel d’entretien gagnant plutôt autour de 9000 euros et présentant, de ce fait, de forts niveaux d’insatisfaction salariale. Il s’agit dans l’ensemble de métiers marqués par une forte présence de l’emploi temporaire avec un sentiment d’insécurité de l’emploi très marqué pour plusieurs d’entre eux. Les contraintes et les risques physiques sont à un niveau très élevé pour l’ensemble de ces métiers - des métiers pour certains, à dominante féminine - cumulant une part élevée de temps partiel (un des facteurs explicatifs des faibles niveaux de salaires) et de contraintes horaires, conduisant à de fortes difficultés de conciliation…
Une indignation ressentie par nombre de citoyens pendant le confinement : les travailleuses et travailleurs qui se sont révélés parmi les plus utiles sont également celles et ceux qui sont le plus mal rémunérés
Et qui présentent les conditions de travail et d’emploi parmi les plus difficiles. Pour l’instant, ce constat n’a donné lieu à aucune réforme structurelle, ni même à un débat public approfondi qui aurait pu mettre au centre des discussions la question du fondement de la hiérarchie des salaires. (…)
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