Les intellectuels existaient-ils au Moyen Âge ?

Nos dictionnaires nous enseignent que le mot "intellectuel" vient d'un terme latin qui signifie "discerner, connaître, comprendre, concevoir". Dans cette perspective, on peut dire que les intellectuels sont des individus qui exercent une activité fondée sur l'usage de l'intelligence.

Pierre Abélard, "le premier intellectuel de l'ère moderne qui, plus qu'aucun autre érudit de son temps, réclama l’alliance de la raison et de la foi"

Dans un livre pionnier, paru en 1959, [Les intellectuels au Moyen-Age], l'historien, Jacques Le Goff a inauguré l'histoire sociale des intellectuels au Moyen Age, en regroupant sous ce terme les individus vivant dans des villes (ce qui excluait le milieu monastique) et dont le métier était de penser et d’enseigner la pensée. Cette définition, qui a été critiquée car elle peut sembler trop restrictive, a eu le mérite d'attirer l'attention des historiens sur les transformations qui se sont produites en Europe à partir du XIIe siècle.

Pour Jacques Le Goff, Pierre Abélard peut être considéré comme le premier intellectuel de l'ère moderne parce que, plus qu'aucun autre érudit de son temps, il a réclamé l’alliance de la raison et de la foi. Professeur appointé par des familles aristocratiques, Abélard a acquis une renommée à travers tout l'Occident, en tant que penseur à la fois rigoureux et non conformiste. Partisan de l'éducation des femmes, il a fondé en 1131, le Paraclet, la première abbaye obéissant à une règle spécifiquement féminine, qui est devenue un refuge pour les femmes savantes (...)

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