Peut-on faire confiance au témoignage des enfants ?

Enfant en souffrance
Enfant en souffrance ©Getty - Mrs
Enfant en souffrance ©Getty - Mrs
Enfant en souffrance ©Getty - Mrs
Publicité

La fiabilité des témoignages de mineurs : une question qui a constamment préoccupé la justice depuis le début du XIXe siècle.

Vous souvenez-vous du scandale de l'affaire d'Outreau qui défraya la chronique au début des années 2000 ? Suite à des dénonciations de plusieurs enfants, que les parents confirmèrent, dix-huit personnes furent écrouées pour viols, agressions sexuelles et corruption de mineurs. Plusieurs d'entre elles restèrent un an derrière les barreaux, d'autres un peu plus de trois ans. Le procès en appel confirma les maltraitances subies par douze mineurs, mais innocenta la plupart des accusés, car plusieurs enfants qui avaient témoigné se rétractèrent.

A la suite du Code pénal de 1810 qui définissait le crime d'inceste, les témoignages des enfants furent pris en compte dans les procédures judiciaires

Ce procès très médiatisé replaça au centre de l'actualité une question qui a constamment préoccupé la justice depuis le début du XIXe siècle, concernant la fiabilité des témoignages de mineurs. A la suite du Code pénal adopté en 1810, qui définissait le crime d'inceste, les témoignages des victimes mineures furent pris en compte dans les procédures judiciaires. Sous le Second Empire, la parole des enfants acquit une importance grandissante grâce au rôle joué par Ambroise Tardieu dans le monde médico-légal. Ce médecin fut en effet le premier à alerter ses confrères sur la fréquence des mauvais traitements et des violences sexuelles exercées sur des mineurs. A la fin du XIXe siècle, le pouvoir républicain manifesta un intérêt croissant pour ce type de crimes, en adoptant deux lois sur la maltraitance des enfants. Mais paradoxalement, les juges furent alors de plus en plus méfiants à l'égard des témoignages d'enfants victimes de ces violences.

Publicité

Pour comprendre les raisons de cette suspicion, il faut sans doute invoquer l'impact de l'idéologie positiviste qui régnait alors au sein des élites républicaines, sous l'influence du monde médical. La théorie de la "mythomanie infantile", élaborée en 1905 par Ernest Dupré, un médecin-aliéniste, accentua fortement la propension des juristes à se méfier du témoignage des mineurs. (…)

La chronique est à écouter dans son intégralité en cliquant dans le haut de la page. Histoire, économie, sciences, philosophie, histoire de l'art… Écoutez et abonnez-vous à la collection de podcasts "Le Pourquoi du comment" ; les meilleurs experts répondent à toutes les questions que vous n'osez poser.

L'équipe