Pourquoi l'extrême droite célébrait-elle les "sœurs latines" à l'époque de Mussolini ?

Le dictateur italien, Benito Mussolini, et son homologue allemand, Adolf Hitler, fin 1937, sur le quai à Berlin
Le dictateur italien, Benito Mussolini, et son homologue allemand, Adolf Hitler, fin 1937, sur le quai à Berlin ©Getty - © Hulton-Deutsch Collection/CORBIS/
Le dictateur italien, Benito Mussolini, et son homologue allemand, Adolf Hitler, fin 1937, sur le quai à Berlin ©Getty - © Hulton-Deutsch Collection/CORBIS/
Le dictateur italien, Benito Mussolini, et son homologue allemand, Adolf Hitler, fin 1937, sur le quai à Berlin ©Getty - © Hulton-Deutsch Collection/CORBIS/
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De la Rome antique à la Rome fasciste, quand les historiens de l'Antiquité frayaient avec le régime fasciste.

Pendant l'entre-deux-guerres, Mussolini tenta de convaincre les historiens français de l'Antiquité d’œuvrer au rapprochement entre les "deux sœurs latines", face à une germanité servant de repoussoir, du moins jusqu’au rapprochement de l’Axe Rome-Berlin. La Méditerranée fut présentée à ce moment-là comme le ciment de la latinité et le lieu où les deux peuples français et italien pouvaient se rencontrer et fraterniser.

Un certain nombre d'universitaires jouèrent un rôle important pour cautionner ce type de discours. Ce fut le cas d’ Albert Grenier, spécialiste de la Gaule romaine, et d’ Eugène Albertini  auteur d'un manuel intitulé L’empire romain, paru dans la célèbre collection "Peuples et Civilisations". Certains d'entre eux, comme Léon Homo, professeur d’histoire romaine à l’université de Lyon, furent même reçus par le Duce en personne.

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Des points de comparaison entre la Rome antique et la Rome fasciste ?

Mais le cas le plus significatif est celui de Jérôme Carcopino. Ce professeur d'histoire romaine à la Sorbonne avait publié, en 1934, un article dans la revue Italie-Voyages dans lequel il mettait en relief des points de comparaison entre la Rome antique et la Rome fasciste, ce qui allait dans le sens de la propagande mussolinienne. On comprend pourquoi sa nomination à la direction de l’École française de Rome, en juin 1937, fut bien accueillie par les autorités italiennes.

Contraint de rentrer en France après la déclaration de guerre de l'Italie, Jérôme Carcopino - sans doute servi par ses complaisances à l'égard du régime fasciste - fut nommé par le maréchal Pétain secrétaire d’État à l'Éducation nationale et à la jeunesse en février 1941. Il entreprit alors une réorganisation de l'enseignement scolaire visant à détruire le processus de démocratisation de l'école et le projet d'école unique initié quelques années plus tôt par le Front Populaire. Le but étant de renforcer le principe d'une école à deux vitesses, en abaissant notamment l'âge de la scolarité obligatoire et en supprimant la gratuité de l'enseignement secondaire. Dans le même temps, Carcopino appliqua les lois du régime de Vichy, excluant les Juifs et les francs-maçons des fonctions publiques (...)

Bibliographie :

Christophe Poupault, À l’ombre des faisceaux. Les voyageurs français dans l’Italie des chemises noires (1922-1943), Rome, Ed de l'École française de Rome, 2014.

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