Comment la conscience peut-elle être agissante ?

Il est aujourd'hui quelque chose de mystérieux sinon d'inattendu dans l'idéologie contemporaine, notamment pour les philosophes qui travaillent sur la conscience, c'est le retour de la conscience sur la scène du monde, la scène politique, sociale : le retour de la conscience comme une force, comme un pouvoir, individuel et collectif. Prenons deux exemples extrêmes.

D'un côté, nous avons toutes ces techniques de méditation, de retour à la pure conscience, comme si au fond, s'abstraire du monde, prendre conscience de son être, de son corps était une réponse aux inquiétudes profondes de notre temps ; et de l'autre côté, il y a un débat très violent sur l'importance de la prise de conscience en politique ; l'éveil - en anglais, awakening - que certains ont traduit par awoke, que l'on caricature comme un système de wokisme ou la prise de conscience systématisée des injustices, qui nous empêcherait, selon certains, d'y répondre. Alors, comment la conscience peut-elle avoir un tel pouvoir ?

"La conscience n'est pas un pouvoir de connaître théorique, c'est d'abord la perception de soi-même dans le monde"

Il faut revenir à la nature profonde de la conscience. Ce n'est pas un pouvoir de connaître théorique, c'est d'abord la perception de soi-même dans le monde, avec des enjeux vitaux et pratiques, des choses que nous refusons, que nous désirons, et un rapport à nous-mêmes. La prise de conscience est agissante, elle a des effets (…)

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