"L’Être et le néant" est le grand traité de philosophie de Sartre, qui affiche sa difficulté technique et théorique et pourtant, s’est vendu et lu autant que ses romans, voire bien plus encore !
L’Être et le néant peut-il se lire comme un roman ? Certains ont pris prétexte de ce succès pour le dévaluer, notamment face à Être et Temps de Martin Heidegger à qui Jean-Paul Sartre répond, en effet. Qu’y a-t-il à l’intérieur ? Quel est le secret simple du livre de Sartre sur ces questions ultimes de la philosophie ?
Publié en 1943, en plein cœur de la Seconde Guerre mondiale, L’Être et le néant, affichait d'emblée sa difficulté technique et théorique, chez un éditeur, Gallimard, alors connu pour publier surtout des romans, de la littérature ; son sous-titre "Essai d'ontologie phénoménologique", sa taille, son poids - il faisait précisément un kilo, au point qu'on disait que les bouchers pendant l'Occupation l'utilisaient comme mesure pour peser un kilo de viande. Sartre était passé chez Gallimard déjà pour publier son premier roman, La nausée.
"L’Être et le néant", un livre technique, théorique, très philosophique, conceptuel, et qui touche aussi à notre existence, écrit au cœur de la guerre
Certains ont compris l'argument de ce succès littéraire, politique, de cette réputation de son auteur, Jean-Paul Sartre - devenu ensuite, le gourou des existentialistes de Saint-Germain-des-Près - s'en sont emparé, pour dévaluer l'importance philosophique de ce livre, pourtant un très grand livre philosophique : non pas une reprise mais une réponse à Être et Temps de Martin Heidegger, dont il s'inspire mais auquel il cherche aussi à résister.
Quel est en effet le geste de Sartre ?
Il est très simple - et c'est pourquoi aussi le livre devient romancé ou romantique - il consiste au fond à dire il y a de l'être, mais il n'y a de l'être que pour quelqu'un qui ne peut pas être un être puisque notre conscience est le spectateur de tous les êtres et ne peut donc pas elle-même être un être - c'était le thème de la phénoménologie : tous les êtres sont des phénomènes donnés à une conscience... Tout se joue du côté de ce petit mot mystérieux, le néant... (...) - Qui n'est pas, pour Sartre, une chose, l'absence de toute chose, un vide, mais plutôt notre nature, notre être paradoxal à nous, notre conscience et aussi notre liberté, parce que nous ne sommes rien. Et c'est parce que nous ne sommes rien, que nous pouvons choisir d'être, que nous donnons un sens à l'être (...)
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