Le malheur peut-il nous rendre fou ?

Il y a beaucoup d'explications théoriques et médicales, neurologiques, de la folie, cette perte de la raison chez les êtres qui en sont dotés, les êtres humains avant tout, et il faut les approfondir, mais il y a une sorte d'explication ordinaire d'un certain genre de folie, en tous cas, c'est la folie engendrée par ce qu'on pourrait appeler "les extrémités émotionnelles". Des extrémités émotionnelles, positives, on parle dans ces cas-là, d'amour fou. Les psychanalystes évoquent aussi la folie ordinaire de l'attachement maternel primaire, quand le parent est prêt à tout, jusqu'au sacrifice de sa propre vie pour son enfant - ce mécanisme, là aussi de préservation de l'espèce.

Les émotions poussées à l'extrême nous font perdre la raison

Les émotions poussées à l'extrême nous font aussi perdre la raison, et c'est sans doute d'abord le cas des émotions négatives. C'est pourquoi dans l'expérience ordinaire, on dit qu'on est devenu fou. Par détresse, par le doute lui-même ou le malheur. Mais même cette explication par le malheur peut faire l'objet d'une instrumentalisation morale et politique.

C'est le cas dans un film extraordinaire de Roberto Rossellini, Europe 51, qui dit bien combien le titre et la date, 1951 sont importants - et ressort aujourd'hui dans une nouvelle version numérique - où Rossellini s'inspire de la philosophe, Simone Weil, pour montrer comment, au fond, le malheur est une expérience fondamentale de l'humanité qui peut être instrumentalisé sous le nom de folie, même si elle fait souffrir aux limites de la pensée.

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