Pourquoi faut-il circonscrire le terrorisme ?

Le terrorisme, dans nos sociétés, est revenu et, avec lui, la lutte pour le combattre. Il y a eu des attaques, qui créent non seulement la peur, une peur objective, anticipable d'un événement donné, dans un cadre structuré - et c'est cela qu'on appelle la peur - mais aussi, la terreur. La terreur, ce sur quoi joue le terrorisme, est le contraire ; la terreur est ce qui survient d'un coup et vient ébranler tous les cadres. La terreur, ce n'est donc pas la peur, c'est l'inverse, c'est la destruction possible du cadre par des événements soudains qui peuvent survenir à tout moment.

Le terrorisme agit sur le pire des ébranlements

Ainsi, le terrorisme agit-il sur le pire des ébranlements, l'ébranlement du cadre, du cadre politique, et il se situe dans une guerre totale. C'est pourquoi, Il faut répondre, punir, cette terreur qui menace toujours les piliers mêmes de notre société et de notre subjectivité, qui pousse la peur à sa vraie limite parmi les humains. Mais il y a un autre danger ; ce danger qui consiste comme toujours dans le redoublement par le politique des peurs contre lesquelles il doit lutter : ce redoublement, c'est quand au nom du terrorisme on fait disparaître le cadre qui doit nous protéger de tous les dangers : c'est le risque du redoublement de la terreur par la lutte même contre la terreur.

Il faut circonscrire aussi le terrorisme par la philosophie, le définir ; quand la terreur c'est la contestation des cadres parmi les humains, le recours à des actes qui détruisent sans aucun avertissement, sans aucune discrimination - femmes et enfants compris, comme dans Les Justes d'Albert Camus (1949) - et parce que la terreur ne se pose aucune question morale ou politique (…)

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