Pourquoi faut-il de la modération ?

Lorsque nous organisons une discussion dans un colloque, une conférence par exemple, nous avons toujours besoin d'un tiers ; nous l'appelons un animateur ou encore, un modérateur. D'un côté, nous lui demandons d'animer, de maintenir l'intérêt du débat, la passion de la discussion, et de l'autre, cette fonction apparemment réductrice du modérateur qui, au contraire aurait pour rôle de maintenir le temps, de calmer les esprits. Nous nous faisons ainsi de la modération une idée négative voire méprisante, "c'est un modéré", c'est un tiède. Or, cette idée de modération, dans ces débats, ces conférences, peut certes renvoyer à une image pâle, fade, mais cela peut aussi nous révéler l'essence véritable d'une autre modération ou d'un autre sens de la modération.

Deux idées de la modération

La première idée est qu'il faut éviter non pas seulement l'intensité mais la violence : modérer, c'est reconnaître qu'il y a toujours le risque dans un débat, dans une discussion, du recours à la violence, et l'autre idée est que précisément, pour éviter ce risque toujours présent, il faut un effort. Le modérateur n'est pas forcément quelqu'un de pâle ou de modéré, peut-être qu' au contraire, modérer est l'acte de tempérer les passions humaines, de moduler, de concilier, de répartir, d'équilibrer. Cet acte même suppose une tension parfois elle-même extrême. La modération dans ce sens-là est quelque chose d'extrême potentiellement. Albert Camus l'avait vu au cœur de son livre, L'homme révolté. C'est parfois la modération qui est extrême et il s'agit d tenir les équilibres (...)

La chronique est à écouter dans son intégralité en cliquant sur le haut de la page. Histoire, économie, sciences, philosophie, histoire de l'art… Écoutez et abonnez-vous à la collection de podcasts "Le Pourquoi du comment" ; les meilleurs experts répondent à toutes les questions que vous n'osez poser.