Pourquoi tant de catastrophismes ?

Le mot catastrophisme jusqu' il y a peu de temps n'était pas du tout une catégorie philosophique ; on appelait "catastrophiste" celui qui voyait partout des catastrophes, qui exagérait, qui criait au loup comme dans la fable Pierre et le loup - qui, à chaque petit danger, voyait arriver la fin du monde. Le catastrophisme, c'était alors, une sorte de pathologie du rapport à la catastrophe, lequel devenait destructeur.

Comment la catastrophe en tant que telle ne susciterait-elle pas cette peur exagérée, puisqu'elle n'est pas un risque comme les autres, un très grand risque, elle est autre chose : c'est la possibilité de la destruction totale, incommensurable, incompensable par une assurance ou une réparation quelconque de quelque chose dans son existence même.  

Le catastrophisme est une catégorie générale qui vise à penser notre histoire sous le signe du risque global

Le catastrophisme aujourd'hui ne désigne plus seulement cette pathologie subjective et individuelle, il désigne vraiment une catégorie philosophique affrontant un problème de notre temps, ce problème possible de la fin du monde, d'une catastrophe réelle et globale. Le terme a fait son entrée en philosophie, il y a presque une vingtaine d'années, notamment avec l'essai de Jean-Pierre Dupuy, Pour un catastrophisme éclairé, (éd. Seuil, 2004). Le catastrophisme est alors une catégorie générale qui vise à penser notre histoire sous le signe du risque global, du risque de destruction totale, et d'en faire un outil de réflexion  (…)

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