Comment les animaux se font-ils la guerre ?

Bête ou quoi ?
Bête ou quoi ? ©Getty - Vincent Besnault
Bête ou quoi ? ©Getty - Vincent Besnault
Bête ou quoi ? ©Getty - Vincent Besnault
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De la diversité des façons de vivre ensemble, parfois bien, parfois mal, dans le monde animal ou dans le nôtre.

A la lecture d’un livre de Loïc Bollache intitulé Quand les animaux font la guerre (parution prochaine) je dois avouer que j’ai ressenti un choc terrible en découvrant au détour d’un chapitre que le héros absolu de mon enfance, Flipper le dauphin, que je croyais gentil, systématiquement doux, incurablement empathique, ontologiquement pacifique et toujours prêt à secourir les nageurs en difficulté, appartenait en réalité à une espèce dont les mâles sont capables d’ultra violence, notamment à l’endroit des femelles ! D’un coup, un pan entier de mon système de représentation s’est effondré, provoquant des effets dévastateurs sur ma vie psychique.

La guerre existe aussi dans le monde animal

Plus généralement – et plus sérieusement - à l’heure où la guerre resurgit aux portes de l’Europe, on découvre abasourdi qu’elle existe aussi dans le monde animal, alors que je l’avais toujours considérée comme l’apanage des humains ou, si l’on préfère, comme une sorte d’exception culturelle dans le monde naturel. Et qu’elle s’y pratique de mille et une manières.

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L’enquête menée par Loïc Bollache est vaste et effrayante. En outre, elle éparpille "façon puzzle" presque toutes les idées reçues. Ainsi donc il existe des corneilles assassines, des hippopotames belliqueux bien qu’en apparence tranquillement herbivores, des manchots voyous, des fourmis kamikazes ! Ainsi donc il existe des armées professionnelles chez les termites, des armes chimiques chez certains insectes, une culture du viol chez les canards, des batailles rangées chez les suricates, des contrôles de frontières et de véritables guerres de territoires chez les chimpanzés, et même des guerres civiles chez certaines espèces ! Et – chose incroyable – lors des combats entre mangoustes, il arrive que certains individus profitent de la confusion pour copuler joyeusement avec les femelles censées être ennemies !

Bien sûr, nous devons veiller à ne pas projeter dans le monde animal les mots que nous utilisons pour dire et analyser nos guerres proprement humaines. Ni la prédation ni la razzia ni la simple violence ne sont la guerre proprement dite. Il n’y pas non plus de continuité entre la chasse et la guerre, ni chez les animaux ni chez les humains. La guerre, c’est autre chose que tout cela, une sorte de projet singulier qui demeure en partie mystérieux, car ce qui la motive n’est pas toujours clair.

"Toute guerre suppose un État, même deux"

Si l’on désire mieux la circonscrire, il faut affronter au moins deux questions. D’abord celle de l’État : on répète souvent que toute guerre suppose un État, et même deux, l’un décidant de faire la guerre à l’autre. Cette conception serait-elle trop restrictive ? On imagine qu’il n’y a pas d’États à proprement parler dans le monde animal, mais dès lors qu’on s’y fait la guerre, pourquoi ne pas la reconnaître aussi chez les humains dans des sociétés ou des peuples sans États ? On voit par-là que les contours de ce qu’on appelle "une guerre" sont malléables, tant sont diverses les façons de vivre ensemble, parfois bien, parfois mal, dans le monde animal ou dans le nôtre. Ensuite, il y a la question des armes : peut-on faire la guerre sans armes dites "de guerre", c’est-à-dire sans instruments spécifiquement conçus et fabriqués à cette fin ? Lorsque des hommes ont inventé l'épée, arme qui n’est guère utile pour la chasse, ce n’était pas pour faire joli. Dès lors, pouvons-nous parler d’armes de guerre dans le monde animal ? ,...)

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