

Avec "Quitter la baie", Bérénice Motais de Narbonne publie une première bande dessinée à la fois puissante et étrange comme peut l’être l’adolescence, une œuvre à la fois intime et politique, qui évoque l'éco-anxiété et la résignation d'une génération face à un monde en pleine mutation.
- Nicolas Finet Auteur, documentariste et éditeur de bandes dessinées
- Bérénice Motais de Narbonne
Magda est une jeune adolescente, qui vit dans la baie, le territoire de son enfance et de ses errances, qui peu à peu se modifie, s'urbanise, se dévitalise … Ce que constatent son frère Carmen et leur ami Gaël à leur retour de la ville. A la vue des ces transformations s'ajoute la métamorphose d'un corps et d'une pensée, ceux de Magda qui expérimente le changement à venir, accompagné d'angoisse, de nouvelles émotions comme la solastalgie (la peur du changement climatique à venir).

Quitter la baie est le premier livre de Bérénice Motais de Narbonne (Actes Sud) et convoque tout un imaginaire qui se confronte à la réalité d'un monde en pleine mutation, où les corps dansent, le silence s'installe, avec une diversité des styles et de cadres dans un livre de 220 pages entièrement dessiné en noir et blanc.
Entre abstraction et influences nippones, Bérénice Motais de Narbonne retrouve le personnage de Magda qu'elle mettait déjà en scène dans son premier film d'animation intitulé Astrale réalisé en 2017 ( disponible en intégralité sur Vimeo). En attendant la suite de Quitter la baie, sur laquelle elle travaille actuellement, rencontre avec Bérénice Motais de Narbonne, pour qui la question de la transmission (s'alliant à l'émotion) est primordiale.

Avant de publier sa première bande dessinée, Bérénice Motais de Narbonne a écrit il y a quelques années un mémoire de fin d'études sur la place des femmes dans l'histoire de la bande dessinée intitulé La Pilule rouge : les femmes en bande dessinée ( disponible en intégralité sur le site de Neuvième Art) avec comme question de départ "Où sont les femmes ?" à laquelle elle répond en deux parties : la première centrée sur les personnages – et dans Mickey, Tintin et Spirou, les femmes sont peu nombreuses, et pas toujours mises en valeur – et la deuxième partie sur les autrices, en regardant autant du côté des Etats-Unis et de l'Europe que du côté du Japon.
Il y a toujours eu des femmes dans la bande dessinée. Mon travail aux Arts Décoratifs, c'était de chercher la vérité dans cette fausse information que la bande dessinée était essentiellement masculine. Je voulais être autrice de bande dessinée depuis toute petite, et je me demandais pourquoi il n'y avait presque pas de femmes. En lisant beaucoup de romans graphiques, on me donnait à voir la même vision du monde à chaque fois, une vision d'hommes d'un certain âge, avec un point de vue récurrent sur les femmes et "l'éternel féminin" notamment. Ils installent un certain cliché. Cette littérature était très accessible et j'avais du mal à trouver d'autres livres qui partagent d'autres visions, tout simplement parce qu'ils n'étaient pas mis en avant.
Bérénice Motais de Narbonne

Prix Artemisia 2021 décerné à Takalo Tiitu
Créé en 2007 par Chantal Montellier et Jeanne Puchol, le Prix Artemisia récompense chaque année des femmes créatrices de bande dessinée, seul prix qui honore les femmes dans la bande dessinée. Et cette année, il a été décernée au livre Moi, Mikko et Anniki, de l'autrice finlandaise Takalo Tiitu, paru en France aux éditions Rue de l'échiquier. C'est la chronique d'une communauté en résistance, dans un lieu au passé industriel et ouvrier très important, au cœur des îlots historiques préservés de Tampere, situés dans le sud de la Finlande. Un livre en partie autobiographique qui raconte en parallèle une histoire d'amour qui unit l'autrice et son compagnon.
Pour en parler, Le Rayon BD reçoit en début d'émission Nicolas Finet, l'éditeur français de Takalo Tiitu, directeur de la bande dessinée aux éditions Rue de l'échiquier qui a la particularité d'aborder des thématiques environnementales, climatiques, et politiques, et dont la moitié du catalogue est féminin, ce qui est encore assez rare dans l'édition de bandes dessinées.

Musiques et extraits
- Mickey, Tintin et Spirou, par les Parisiennes (1966)
- Extrait du film d'animation Astrale, de Bérénice Motais de Narbonne, disponible en intégralité sur Viméo (2017)
- Blondi's Salvation, Open Your Third Eye (2012)
L'équipe
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