"Stop ! Hibari-Kun !!" : un manga pop, transgenre et déjanté

Hibari Kun, héroïne transgenre, et personnage central de la série à succès japonaise "Stop !! Hibari Kun !" signé Hisachi Eguchi, et publié en France par les éditions du Lézard Noir
Hibari Kun, héroïne transgenre, et personnage central de la série à succès japonaise "Stop !! Hibari Kun !" signé Hisachi Eguchi, et publié en France par les éditions du Lézard Noir - éditions du Lézard Noir / Hisachi Eguchi
Hibari Kun, héroïne transgenre, et personnage central de la série à succès japonaise "Stop !! Hibari Kun !" signé Hisachi Eguchi, et publié en France par les éditions du Lézard Noir - éditions du Lézard Noir / Hisachi Eguchi
Hibari Kun, héroïne transgenre, et personnage central de la série à succès japonaise "Stop !! Hibari Kun !" signé Hisachi Eguchi, et publié en France par les éditions du Lézard Noir - éditions du Lézard Noir / Hisachi Eguchi
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Hisashi Eguchi était cette année invité du festival d'Angoulême. Éloigné du manga depuis de nombreuses années, il venait y parler de sa série mythique "Stop ! Hibari-Kun", créée au début des années 80, que les éditions du Lézard noir publient pour la première fois en France. Nous l'avons rencontré.

Avec
  • Aurélien Estager Traducteur
  • Hisachi Eguchi Dessinateur, auteur de manga japonais
  • Stéphane Duval Fondateur et directeur des éditions du Lézard Noir

Publié entre 1981 et 1983 dans la revue Weekly Shonen Jump, Stop ! Hibari-Kun !! a connu un très grand succès au Japon, au point d'être adaptée en dessin animé. Mais alors que Dragon Ball ou Maison Ikkoku (plus connue en France sous l'appellation Juliette je t'aime) devenaient des séries phares dans l'hexagone, les responsables audiovisuels de l'époque n'achetèrent pas cette oeuvre du jeune mangaka Hisashi Eguchi. Stop ! Hibari-Kun !! resta donc méconnu en France.

Je me suis dit qu'Hibari devait être badass, et que son histoire devait être super. J'avais envie de publier cette histoire qui montre une affirmation de soi, sans tabou. Ce qui était intéressant, c'est le mélange graphique qui alterne le côté pop culture, glamour, très années 80', et la musique est très présente aussi, avec en même temps le côté gag manga avec des aspects délirants. J'aime quand la bande dessinée ne se prend pas au sérieux.      
Stéphane Duval, fondateur des éditions du Lézard Noir

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Jusqu'à ce que les éditions du Lézard noir décident de traduire et de publier cette série, dont le troisième et dernier tome devrait sortir à l'automne 2020. Invité au dernier Festival International de la bande dessinée (FIBD) d'Angoulême, Hisashi Eguchi a pu y rencontrer ses nombreux lecteurs francophones.

Pour parler de cette série avant-gardiste publiée pour la première fois en France, 38 ans après son succès au Japon, trois interlocuteurs successifs dans ce Rayon BD : l'auteur, Hisashi Eguchi, le traducteur Aurélien Estager, récompensé cette année à Angoulême par le prix Konishi de la meilleure traduction de manga, et le fondateur et directeur du Lézard noir, Stéphane Duval.

Hibari Kun, héroïne transgenre, et personnage central de la série à succès japonaise "Stop !! Hibari-Kun !" signé Hisachi Eguchi, et publié en France par les éditions du Lézard Noir
Hibari Kun, héroïne transgenre, et personnage central de la série à succès japonaise "Stop !! Hibari-Kun !" signé Hisachi Eguchi, et publié en France par les éditions du Lézard Noir
- Lézard Noir / Hisachi Eguchi

Mais que raconte cette série ? C'est l'histoire d'un adolescent, Kozaku, qui à la mort de sa mère, conformément aux dernières volontés de celle-ci, quitte sa province pour aller s'installer à Tokyo chez Monsieur Ozora. Celui-ci a quatre filles charmantes, mais la plus séduisantes de toutes - et qui a l'âge de Kozaku - est sans conteste la belle Hibari. Cela ressemble fort aux débuts d'une belle bluette romantique. Sauf que...

Deux éléments viennent perturber quelque peu le cours des choses. Le premier, c'est que Monsieur Ozora est un chef des Yakuzas, la redoutable mafia japonaise. Le second, c'est qu'Hibari, qui ne laisse pas Ozaku insensible, est un garçon.

J'ai choisi un personnage transgenre car cela participait au ressort comique, la question transgenre au Japon à l'époque (dans les années 1980) appartenait à un milieu très fermé, qui vivait caché, c'était une question qui n'était pas abordée dans le débat public, c'était un monde underground. Elle est devenue délicate à aborder. Si je devais la réécrire aujourd'hui, je ne pourrai pas faire la même chose qu'il y a 38 ans. A l'époque, j'avais finalement une certaine liberté de ton.                      
Hisachi Eguchi

Planche extraite du volume 1 de la série "Stop !! Hibari Kun !" de Hisachi Eguchi, édité en France par le Lézard Noir
Planche extraite du volume 1 de la série "Stop !! Hibari Kun !" de Hisachi Eguchi, édité en France par le Lézard Noir
- éditions du Lézard Noir / Hisachi Eguchi

Les éditions du Lézard Noir : la ligne claire du Japon

J'étais fasciné par certaines pochettes de disque faites par Maruo et ma porte d'entrée sur le Japon a été celle-ci, le Japon décalé, de marge et intime. La création du Lézard noir s'est faite par hasard, suite à notre rencontre chez lui. En sortant, je me suis dit qu'il fallait que je l'édite, je n'avais pas de plan de carrière manga. J'ai pris le nom du "Lézard Noir" qui était un roman d'Edogawa Ranpo, et qui a ce côté décadent de la fin des années 1970. Et petit à petit j'ai déroulé la pelote de la bande dessinée japonaise. Le catalogue s'est construit en connaissant mieux le Japon, et en ayant envie de montrer le Japon loin des clichés, essayer de retranscrire le Japon réel en rentrant dans l'arrière cuisine. Et "La Cantine de Minuit" fait partie de ces livres, où l'on sonde l'intérieur des humains de la même manière que "Le Vagabond de Tokyo". Cette envie de ne pas se prendre au sérieux, d'être sur une ligne claire et d'opérer une plongée ethnologique dans le Japon contemporain.                      
Stéphane Duval

  • Site officiel des éditions du Lézard Noir et son catalogue, avec, entre autre, la série Stop !! Hibari Kun ! d'Hisachi Eguchi, Chiisakobé de Minetaro Mochizuki ; La Cantine de Minuit, de Yaro Abe, Je suis Shingo, de Kazuo Umezu ou encore la série Le Tigre des Neiges, qui a reçu le Prix jeunes adultes au Festival d'Angoulême en 2020.
Planche extraite du "Monstre au teint rose" de Suehiro Maruo
Planche extraite du "Monstre au teint rose" de Suehiro Maruo
- éditions du Lézard Noir

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