Les alpages des Écrins, grands témoins du changement climatique

Accrochage imminent d’une parcelle de 250 kg. Col du Lautaret. Septembre 2021
Accrochage imminent d’une parcelle de 250 kg. Col du Lautaret. Septembre 2021 ©Radio France - Mathieu Laurent
Accrochage imminent d’une parcelle de 250 kg. Col du Lautaret. Septembre 2021 ©Radio France - Mathieu Laurent
Accrochage imminent d’une parcelle de 250 kg. Col du Lautaret. Septembre 2021 ©Radio France - Mathieu Laurent
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Depuis 2016, entre les pentes du col du Galibier et Le Monêtier-les-Bains, 12 tonnes de prairies ont été déplacées. Il s’agit de mimer un changement brutal de climat. Les chercheurs accueillis au jardin du Lautaret observent comment plantes, insectes et micro-organismes du sol réagissent à ce choc.

À 15 jours de la Cop 26, la rédaction de  France Culture vous emmène à la montagne pour prendre la mesure du changement climatique et plus précisément dans le massif des Écrins  où le Laboratoire d'écologie alpine ( LECA) mène une expérience au jardin du Lautaret.

Depuis 2016, 12 tonnes de prairie ont été déplacées entre les pentes du col du Galabier, à 2 500 mètres d'altitude et Le Monêtier-les-Bains, à 1 900 mètres d'altitude. Cette année, un stade intermédiaire à 2 100 mètres a été ajouté. Entre le 28 septembre et le 13 octobre 2021, 80 mètres carré de prairie ont survolé ces pentes, héliportés et réceptionnés avec le plus grand soin par l'équipe de scientifiques opérant au jardin du Lautaret.

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Ce changement brutal de climat imposé à la flore et à la faune doit permettre de comprendre comment les plantes, insectes et micro-organismes du sol réagissent à leur nouvel environnement. Une opération baptisée " Alpages volants". 

Panneaux au bord de la zone de transplantation du col du Lautaret
Panneaux au bord de la zone de transplantation du col du Lautaret
© AFP - Mathieu Laurent

Le jardin du Lautaret, un site stratégique

La pièce maîtresse de ces recherches est le Laboratoire d’écologie alpine, une unité mixte de recherche regroupant le CNRS, l'université Grenoble Alpes et l'université Savoie Mont Blanc. "Alpages volants" est une expérience soutenue par AnaEE (Analyses et expérimentations sur les écosystèmes), une infrastructure de recherche française et européenne. Trois temps sont privilégiés par le LECA : l'observation (à court et  long terme), l'expérimentation et la modélisation. Comment les alpages  vont-ils s'adapter au changement climatique ? 

Jean-Gabriel Valay, directeur du jardin du Lautaret depuis 2015, nous présente ce "site exceptionnel" :

A Jean-Gabriel Valay : "On estime à un tiers de la flore française dans un rayon de 20 kms autour du col du Lautaret"

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L’équipe réintègre avec le plus grand soin cette parcelle à son altitude d’origine
L’équipe réintègre avec le plus grand soin cette parcelle à son altitude d’origine
© Radio France - Mathieu Laurent

L'hélicoptère plonge sur le col du Galibier. Au bout de l'élingue figurent 250 kg de prairie, les scientifiques s'appliquent à offrir à ces extraits de prairie le plus souple des atterrissages. Premiers constats avec Billur Bektas, étudiante en écologie à l' Université Grenoble Alpes, elle écrit sa thèse sur "Alpages Volants" :

Billur Bektas : "Quand on réchauffe les plantes, elles changent leur cycle de vie"

3 min

Avec le réchauffement, il y a plus de bactéries dans le sol. Et c'est toute la chaîne alimentaire souterraine qui est percutée. Les chercheurs suivent de près les communautés en présence dans cet  écosystème.

Wilfried Thuiller, directeur de recherches au CNRS :

Il n'y a pas trop de doute sur le fait, qu'il y a un changement climatique qui est fort. Cela influence la distribution des espèces avec  probablement des extinctions, mais finalement, si l'on considère l'effet direct de l'homme via la pollution, via la fragmentation des paysages,  la "bétonisation" de l'environnement ; le changement climatique est une  partie de tout cela qu'il faut prendre "à bras le corps". Une autre partie que l'on oublie trop souvent, c'est l'impact humain direct sur la biodiversité et celui-là, c'est le pus fort.

Wilfried Thuiller : "Les bactéries ou les champignons sont importants dans la réponse globale de l'écosystème au changement"

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Où est le point de départ ?

Jean-Gabriel Valay nous expose la finalité des manipulations menées cette fois dans le laboratoire du jardin du Lautaret :

Jean-Gabriel Valay : "Une bonne partie de tout ce qu'on voit dans le cadre du changement climatique, se passe sous terre".

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Ludovic Gielly, ingénieur d’étude à l’œuvre dans le laboratoire du Jardin du Lautaret
Ludovic Gielly, ingénieur d’étude à l’œuvre dans le laboratoire du Jardin du Lautaret
© Radio France - Mathieu Laurent

Ludovic Gielly ingénieur de recherches est en charge de  la production des données. D'autres scientifiques seront chargés du suivi de la dynamique des populations : apparitions, disparitions de certaines communautés et de l'interprétation de ces relevés.

Ludovic Gielly : "On travaille essentiellement sur l'ADN extracellulaire, c'est à dire l'ADN des organismes qui sont déja morts".

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Les locaux du Jardin du Lautaret
Les locaux du Jardin du Lautaret
© Radio France - Mathieu Laurent
La Méthode scientifique
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