Griveaux-Villani : l'échec assuré pour LREM aux municipales à Paris ?

Après deux mois de réflexion et malgré l'investiture de Benjamin Griveaux, Cédric Villani a décidé de se lancer dans la course à la mairie de Paris
Après deux mois de réflexion et malgré l'investiture de Benjamin Griveaux, Cédric Villani a décidé de se lancer dans la course à la mairie de Paris ©Maxppp - Vicent Isore
Après deux mois de réflexion et malgré l'investiture de Benjamin Griveaux, Cédric Villani a décidé de se lancer dans la course à la mairie de Paris ©Maxppp - Vicent Isore
Après deux mois de réflexion et malgré l'investiture de Benjamin Griveaux, Cédric Villani a décidé de se lancer dans la course à la mairie de Paris ©Maxppp - Vicent Isore
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Elle n'est ni assumée ni revendiquée, mais la guerre à laquelle se livrent Benjamin Griveaux, candidat officiel de La République en Marche pour les municipales à Paris, et Cédric Villani, candidat dissident non-exclu du parti, pourrait bien conduire le parti majoritaire à l'échec dans la capitale.

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A six mois des élections municipales, c'est le grand flou à Paris. Près de dix candidats sont déjà déclarés, d'autres attendent une investiture, la maire sortante n'a, officiellement, pas encore pris sa décision. Le casting est étoffé, mais les stratégies et les rapports de force sont encore mal connus. Et pour le moment, deux candidats font parler d'eux un peu plus que les autres : Benjamin Griveaux et Cédric Villani

Le premier est le candidat officiel de La République En Marche. Il a été investi par la commission nationale d'investiture du mouvement présidentiel. Le second, écarté par cette commission, a décidé de se lancer malgré tout dans la course à la mairie de Paris après deux mois de vaines tentatives pour éviter sa dissidence. Il n'a pas, pour autant, été exclu du parti. Résultat, le parti d'Emmanuel Macron se retrouve avec deux têtes d'affiche pour le mois de mars 2020 : deux hommes aux styles bien différents et finalement deux incarnations du macronisme. 

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Les portes sont ouvertes, mais restent fermées

"La porte est ouverte", répète à l'envi Benjamin Griveaux. "La mienne l'est aussi", rétorque systématiquement Cédric Villani. L'ancien porte-parole du gouvernement l'assure, il écrit à son rival qui ne lui "répond pas", ce à quoi le mathématicien répond : "Je parle à tout le monde". Ils refusent, tous les deux, de s'attaquer publiquement, mais la rivalité est bien là depuis la candidature dissidente du médaillé Fields. 

Chacun tente alors d'être le plus "En Marche" possible. Reprenant les codes du mouvement, Cédric Villani a promis, le 19 septembre, de faire une grande place à la société civile dans sa campagne. "Nous instaurerons un dispositif inédit de tirage au sort pour participer à nos listes d'arrondissement, c'est notre objectif que parmi nos 527 colistiers, il y ait 30 à 50 Parisiens tirés au sort", explique le dissident. Mais, "aucun ne sera tête de liste", a souligné son entourage. Parmi ces 30 à 50 personnes, "on souhaite qu'il y ait trois à cinq conseillers de Paris élus", a-t-il précisé.

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On va être plus dans l'ADN d'En Marche qu'En Marche n'a jamais été dans son ADN.    Benjamin Griveaux

Mais la veille, le 18 septembre, Benjamin Griveaux avait déjà mis la société civile au cœur de son dispositif. Lors d'une conférence de presse au siège de La République En Marche à Paris, le candidat officiel avait ainsi déclaré : "On va être plus dans l'ADN d'En Marche qu'En Marche n'a jamais été dans son ADN, parce qu'on a décidé de confier la coprésidence de notre commission d'investiture à deux personnalités de la société civile qui vont nous dire comment constituer la meilleure équipe au monde". Chekeba Hachemi et Patrick Lévy Waitz, présentés comme des "grandes gueules", sont chargés de présider cette commission composée de douze membres, tous Parisiens mais dont aucun n'est candidat.

Chaque camp se veut le plus rassembleur

Du côté de Benjamin Griveaux, comme de Cédric Villani, on met en avant la capacité de chacun à rassembler. "Beaucoup de personnes sont autour de moi, et il y en a de nouvelles qui arrivent tous les jours", insiste le mathématicien. Il en veut pour preuve les ralliements de la députée LREM Anne-Christine Lang, élue du 13e arrondissement, d'un ancien porte-parole de LREM, Rayan Nezzar, de Paula Forteza, élue LREM des Français de l'étranger, ou encore de Matthieu Orphelin, écologiste, ex Marcheur, et proche de Nicolas Hulot. "Ce qui m'intéresse, justifie Matthieu Orphelin, c'est la vérité des combats en politique, ça n'a jamais été l'étiquette et c'est encore moins important dans le cadre des élections municipales"

Beaucoup de personnes sont autour de moi, et il y en a de nouvelles qui arrivent tous les jours.    Cédric Villani

Face au camp Villani, Benjamin Griveaux peut compter sur l'appui du président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, de Stanislas Guérini, patron du mouvement, de ministres comme Marlène Schiappa et Agnès Buzyn. Mais dans ce clan là aussi, on insiste sur la capacité du candidat à brasser large. Et on met ainsi en avant le ralliement de la maire du 9e arrondissement, ex Les Républicains, Delphine Bürkli. "On a des gens qui n'ont pas fait campagne dans les mêmes équipes la dernière fois, c'est ça le rassemblement", souligne Benjamin Griveaux. 

Du côté de Cédric Villani comme de Benjamin Griveaux, on se veut rassembleur
Du côté de Cédric Villani comme de Benjamin Griveaux, on se veut rassembleur
© Radio France - Rosalie Lafarge
Journal de 8 h
15 min

Bataille de popularité

Chez l'ancien porte-parole du gouvernement, on sait pertinemment qu'avec cette division interne il faut tout faire pour s'imposer dans le coeur des Parisiens. Ce qui passe, notamment, par un gros travail sur la personnalité de Benjamin Griveaux. "Comme je le dis souvent, Benjamin, il vaut mieux l'avoir à table qu'en journal", assume d'emblée son directeur de campagne. Mais Pacôme Rupin en est persuadé, il y a "une grande différence d'image entre ce qui est perçu et ce qu'il est réellement, et nous sommes convaincus que c'est en allant convaincre les Parisiens qu'on arrivera à gagner ces élections (...) mais c'est en train de se voir, on sent en ce moment des signaux très positifs de gens qui, tous les jours, nous contactent pour rejoindre notre campagne et qui ont absolument envie qu'on gagne"

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Cédric Villani, lui, peut jouer d'emblée cette carte de la popularité selon son entourage. Mais ce n'est pas sa seule carte, précise immédiatement son porte parole Rayan Nezzar. "La démarche de Cédric Villani est une démarche libre, qui ne s'inscrit pas dans des combinaisons d'appareil, souligne-t-il, et vous avez un certain nombre de militants qui étaient là en 2016 (pendant la campagne présidentielle), qui retrouvent la fraîcheur, l'enthousiasme, et l'envie de s'engager en politique, l'ADN de ce qui avait fondé ce mouvement politique"

La base des Marcheurs divisée

Des militants qui, comme Jean de Rougemont, Marcheur et cadre à la SNCF, voient donc dans le médaillé Fields comme un air d'Emmanuel Macron. "Il a vraiment ce côté complètement apolitique dans sa façon de penser, il s'assume à 100%, alors cela en fait rire certains, mais c'est bien d'être original et de s'assumer, c'est aussi comme cela qu'Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir, en assumant sa démarche alternative, dissidente et de renouvellement politique, c'est en suivant ce caractère innovant que Cédric Villani accédera à la mairie de Paris", veut croire celui qui coordonne désormais le mouvement jeunesse Génération Villani. 

Jean de Rougemont, Marcheur, cadre à la SNCF, soutien de Cédric Villani
Jean de Rougemont, Marcheur, cadre à la SNCF, soutien de Cédric Villani
© Radio France - Rosalie Lafarge

"Je m'interroge sur le tournant qu'a pris LREM" - Jean de Rougemont, soutien de Cédric Villani

8 min

Mais la base d'En marche est divisée. Tracts de Benjamin Griveaux en main tout près de l'Hôtel de ville de Paris, Alain Sarfati, chef d'entreprise parisien, regrette ce duel : "Cela m'a détruit, je suis déçu qu'on n'ait pas pu montrer une image unie et rassemblée parce que dans ce cas-là, Paris était gagnée à tous les coups. Maintenant, il y a un risque et on donne l'image d'un mouvement classique où les ambitions personnelles l'emporte sur les idées puisque sur le fond, ils ont à peu près le même programme"

Alain Sarfati, Marcheur, chef d'entreprise, soutien de Benjamin Griveaux
Alain Sarfati, Marcheur, chef d'entreprise, soutien de Benjamin Griveaux
© Radio France - Rosalie Lafarge

"La division, cela m'a détruit". Alain Sarfati, soutien de Benjamin Griveaux

1 min

Sans conteste, la dissidence du mathématicien vient complexifier l'équation pour En Marche. De récents sondages placent la maire sortante PS Anne Hidalgo en tête des intentions de vote des Parisiens, devant Benjamin Griveaux et Cédric Villani qui, réunis, passeraient numéro un. 

Extrait du sondage Ipsos du 25 septembre 2019
Extrait du sondage Ipsos du 25 septembre 2019
- Ipsos
Le Billet politique
3 min