L'école en anglais dès le primaire

Cours de physique en anglais pour les élèves de CM1 de l'école du Guichet à Orsay (91)
Cours de physique en anglais pour les élèves de CM1 de l'école du Guichet à Orsay (91) ©Radio France - Cécile de Kervasdoué
Cours de physique en anglais pour les élèves de CM1 de l'école du Guichet à Orsay (91) ©Radio France - Cécile de Kervasdoué
Cours de physique en anglais pour les élèves de CM1 de l'école du Guichet à Orsay (91) ©Radio France - Cécile de Kervasdoué
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Commencer le plus tôt possible et en immersion, avec des cours tout en anglais, est l'une des préconisations d'un rapport remis à la rentrée à Jean-Michel Blanquer pour améliorer le niveau d'anglais des élèves. Le dispositif n'a rien de nouveau mais il est séduisant et se développe.

Depuis la rentrée 2018, quinze écoles maternelles et primaires du département de l'Essonne (91), ont mis en place le programme européen Emile dans 95 classes des villes d'Orsay, de Massy Palaiseau ou d'Evry, de Courcouronnes ou Gif-Sur-Yvette. Ce programme, qui date des années 1990, veut permettre un meilleur apprentissage des langues étrangères via un enseignement bilingue. 

A l'origine, il était question de favoriser toutes les langues européennes mais aujourd'hui l'anglais a pris le pas sur toutes les autres.

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L'anglais domine les apprentissages de langues étrangères dans l'Union Européenne
L'anglais domine les apprentissages de langues étrangères dans l'Union Européenne

Finis les cours d'anglais, place aux cours en anglais 

Aujourd'hui en France, 126 écoles proposent des enseignements bilingues. L'objectif est d'enseigner une langue étrangère non pas via des cours de grammaire, d'orthographe ou de vocabulaire mais par l'immersion dans cette langue étrangère. A Grenoble ou Amiens, des écoles ont déjà adopté cette méthode

Bien sûr, au début, les élèves ont un problème de compréhension et certains d'entre eux peuvent même s'énerver. Mais très vite, parce que je mime et que je répète, ils saisissent le sens et sont capables de réutiliser le mot sans forcément l'avoir traduit au préalable. Chelsea, enseignante américaine qui fait cours aux élèves français de l'école du Guichet, à Orsay

Dans ces écoles, les élèves ont minimum 5 heures de cours en anglais par semaine, soit plus qu'au collège. Selon l'âge des enfants, il s'agira de cours d'expression orale, de théâtre, de sport et puis de sciences, d'histoire ou de géographie. L'accent est mis autant sur l'apprentissage de la langue étrangère que sur celui des contenus du domaine abordé. Les parents qui craignent parfois que leur enfant ne "termine pas le programme" s'en trouvent ainsi rassurés.

Devant l'école du Guichet à Orsay (91) , les parents d'élèves sont ravis de ce dispositif d'anglais renforcé
Devant l'école du Guichet à Orsay (91) , les parents d'élèves sont ravis de ce dispositif d'anglais renforcé
© Radio France - Cécile de Kervasdoué

Mon fils a suivi ce programme et lorsqu'il est arrivé en 6ème c'était formidable : en anglais, il se baladait par rapport aux autres élèves. Une maman d'élève de l'école du Guichet, à Orsay

Pour les élèves, ce bain de langue rend aussi l'apprentissage plus concret, plus ludique. En Essonne, le projet financé par l'Education nationale et par les communes a permis le recrutement de 27 professeurs dont la langue natale est l'anglais. Venus du Canada, des États-Unis, de Nouvelle-Zélande, ils ont été recrutés pour leur maîtrise de l'anglais mais aussi pour transmettre aux enfants une culture d'enseignement différente.

"L'apprentissage d'une langue est aussi celle d'une culture"

Les enfants français sont très cadrés ici. Ils ont peur de n'être pas assez rigoureux parce que l'enseignement français leur dit qu'il n'y a qu'une seule manière de faire. C'est particulièrement vrai pour l'écriture. Nous, nous apportons nos méthodes anglo-saxonnes : nous sommes moins stricts, plus ludiques, plus interactifs en classe. Chelsea, enseignante américaine à l'école du Guichet, à Orsay

Du côté de l'inspection académique, ce dispositif d'école en anglais doit permettre aux  aux enfants de s'ouvrir à une autre culture et donc à la différence.  

A Orsay, il s'agit notamment d'accueillir au mieux les enfants des chercheurs et ingénieurs étrangers qui viennent travailler sur le plateau de Saclay. Pour cette raison, le dispositif est porté et défendu par les communes limitrophes qui en financent une partie.

Tout cela s'inscrit dans un parcours d'excellence. Ces classes bilingues seront ensuite un vivier pour alimenter le lycée international qui doit être construit sur le plateau de Saclay d'ici 2021. Il y a donc une ambition pédagogique de grande ampleur. Oliver Boissière, Inspecteur de l'Education Nationale. 

Une ambition que les enfants de l'école du Guichet semble avoir parfaitement intégré. Ils sont absolument sérieux lorsqu'ils évoquent leurs cours en anglais. Difficile de leur faire parler de jeux ou d'amusement et encore moins de culture : la vision utilitariste de la langue l'emporte.

C'est important de parler l'anglais. Tout le monde parle anglais. Alors pour avoir un travail et donc de l'argent, il faut bien parler l'anglais c'est obligé ! Gabriel Charles, classe de CM1 à l'école du Guichet d'Orsay

La petite pochette d'anglais des élèves de CM1 de l'école du Guichet à Orsay
La petite pochette d'anglais des élèves de CM1 de l'école du Guichet à Orsay
© Radio France - Cécile de Kervasdoué

"Il n'y a pas que l'anglais !"

"D'où la nécessité de ne pas réduire ce dispositif d'école bilingue à l'anglais" s'insurge Francette Popineau, la secrétaire générale du SnuippFSU qui est le syndicat majoritaire chez les enseignants du primaire. L'école bilingue ne vaut selon elle que si elle s'intéresse à d'autres langues que l'anglais et particulièrement aux langues d'origine des nos élèves (l'arabe, le turc, l'italiens, les langues africaines). 

C'est le moyen d'établir les ponts qui manquent aujourd'hui entre l'école et les familles. De faire dialoguer les langues étrangères et leurs sonorités en classe mais aussi les différences culturelles des élèves. C'est essentiel ! Francette Popineau, la secrétaire générale du SnuippFSU

Essentiel mais coûteux. Même si l'Education nationale souhaitait étendre le dispositif d'école bilingue en anglais, il faudrait recruter des milliers de professeurs de langue maternelle anglaise, ou bien former les professeurs français en poste dans les classes. Or, pour l'instant, le budget du ministère compte surtout sur le volontarisme financier des communes.

Cécile de Kervasdoué

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