Une exposition multimédia démarre ce mercredi 12 juin à l’université d’Oxford. Peintures, sculptures, vidéos, performances… Toutes ces œuvres ont un point commun : elles ont été réalisées par un robot artiste, le premier robot humanoïde capable de représenter ce qu’il voit – à sa façon.
Elle a les traits d’une jeune femme brune aux yeux grands ouverts. Mais ses bras et son esprit sont ceux d’un robot. Son nom : Ai-Da, robot humanoïde artiste. Ai-Da, comme une déclinaison d’AI (« artificial intelligence », l’intelligence artificielle) et une référence à Ada Lovelace, pionnière de la science informatique. Une fois n’est pas coutume, l’artiste accueille les visiteurs au milieu de ses œuvres, et engage même la conversation : "J'ai commencé ma vie en Cornouaille, dans une très jolie ville anglaise du nom de Penryn, raconte le robot. Maintenant, je vis près de Londres, à environ une heure d’ici." En effet, la machine a été construite dans la péninsule Sud-Ouest du Royaume-Uni, par l’entreprise Engineered art.
Les algorithmes de son « intelligence » ou de sa « créativité », comme on souhaitera les appeler, sont, eux, l’œuvre d’étudiants des universités de Leeds et d’Oxford. Des heures de travail et un investissement dont le montant reste secret, pour arriver à un robot capable de dessiner ce qui se trouve devant lui. "Elle vous regarde, à travers les caméras de ses yeux, détaille son créateur, le directeur de galerie Aidan Meller.
Ensuite, on a un algorithme qui interroge cette vision informatique. Et ça va commander son bras, qui va ensuite suivre des coordonnées. Ce qui lui donne la faculté de dessiner ce qu’elle voit." Cela permet donc à Ai-Da de dessiner. Elle n’est pas encore capable de peindre ou sculpter, mais fournit des coordonnées à des artistes humains, qui réalisent les œuvres que l’intelligence artificielle a conçues.
De l’art contemporain d’un nouveau genre ?
Peut-être, mais la parentalité de l’œuvre se pose. S’agit-il du concepteur de l’algorithme, du robot, du peintre qui suit les instructions de la machine pour la toile finale ? "La personne qui conçoit le code pour le robot lui apprend l’art, dans un sens, analyse Shaqib Shah, journaliste spécialisé dans les nouvelles technologies et la culture. Mais l’intelligence artificielle apprend en général par beaucoup d’autres sources de données, par exemple des images. Je pense que l’intelligence artificielle peut créer de l’art, mais le stade où elle peut créer des œuvres d’art plus complexes est encore loin." Pas de quoi remplacer demain les artistes humains, donc. Même si ces œuvres d’art signées par des logiciels, ou des robots, commencent à se faire une place sur le marché de l’art. En décembre dernier, la maison de vente Christie’s a vendu pour la première fois une œuvre signée par une intelligence artificielle, pour un montant de 400 000 livres. Quant à Ai-Da, l’ensemble de ses réalisations est parti pour un montant de 1,12 million d’euros.
L'équipe
- Collaboration
- Collaboration
- Journaliste