Le SOS d'une habitante de Boulogne-sur-Mer pour rapatrier sa fille et ses 4 enfants de Syrie

Des femmes marchent au camp Roj (Syrie), abritant des membres de la famille de personnes accusées d'appartenir au groupe État islamique, le 30 septembre 2020.
Des femmes marchent au camp Roj (Syrie), abritant des membres de la famille de personnes accusées d'appartenir au groupe État islamique, le 30 septembre 2020. ©AFP - Delil Souleiman
Des femmes marchent au camp Roj (Syrie), abritant des membres de la famille de personnes accusées d'appartenir au groupe État islamique, le 30 septembre 2020. ©AFP - Delil Souleiman
Des femmes marchent au camp Roj (Syrie), abritant des membres de la famille de personnes accusées d'appartenir au groupe État islamique, le 30 septembre 2020. ©AFP - Delil Souleiman
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Pascale Descamps en appelle à "l'humanité" d'Emmanuel Macron et du gouvernement. Sa fille de 32 ans est en Syrie, avec ses quatre enfants âgés de 2 à 11 ans. Elle souffre d'un cancer du côlon, à un stade avancé, et demande un rapatriement sanitaire.

"C'est plus qu'un SOS, c'est une question de vie ou de mort" : une habitante de Boulogne-sur-Mer dans le Pas-de-Calais, demande le rapatriement sanitaire de sa fille de 32 ans, et de ses quatre enfants. Tous les cinq se trouvent en Syrie, dans le camp de Roj. La mère de famille, qui a quitté la France pour rejoindre Daech en 2015, est aujourd'hui gravement malade.

Reportage de Cécile Bidault.

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Après être restée des mois sans nouvelles, Pascale Descamps a reçu il y a une semaine plusieurs messages vocaux de sa fille : depuis le camp de Roj, elle lui annonce sa maladie, un cancer du côlon qui nécessite opération et traitement.

On me propose de faire une opération très risquée dans les conditions syriennes, et  je ne veux pas du tout. Je demande un rapatriement sanitaire pour me faire opérer.

En Syrie depuis 2015

La fille de Pascal Descamps s'est convertie à un islam radical, embrigadé selon sa mère, après de mauvaises rencontres en France. Elle quitte le pays pour la Syrie en 2015 avec son compagnon, un Français converti lui aussi, et leurs enfants. Après la déroute de Daech et la mort de son mari, elle est détenue à Al HOL avant d'être transféré dans une prison, puis un autre camp tenu par les Kurdes, celui de Roj, toujours avec ses quatre enfants âgés de 2 à 11 ans. Aujourd'hui, Pascal Descamps remue ciel et terre pour obtenir le rapatriement sanitaire de sa fille. 

Plus qu'un SOS, c'est une question de vie ou de mort. Si on la laisse là bas, c'est comme si on l'a condamnée à mort à mourir à petit feu de ses souffrances. Après, je m'inquiète énormément pour mes petits enfants, en priorité mes petits enfants. Que vont ils devenir? Ils sont déjà certainement traumatisés avec ce qu'ils ont vécu sur les zones de guerre.  Aujourd'hui, ils survivent dans des conditions déplorables.

Rapatriement des enfants français de Syrie 

Un enfant déplacé pose pour une photo au camp de réfugiés de Roj à Hasakah, au nord-est de la Syrie, le 24 février 2019.
Un enfant déplacé pose pour une photo au camp de réfugiés de Roj à Hasakah, au nord-est de la Syrie, le 24 février 2019.
© Maxppp - Murtaja Lateef

Deux cents enfants français se trouveraient actuellement dans les camps en Syrie. Vingt-huit ont été rapatriés l'an dernier. Le gouvernement français procède à ces rapatriements au cas par cas. Pour les adultes, la politique est de les laisser être jugés sur place. Car pour l'opinion publique, ces djihadistes, même repenties, sont des bombes à retardement. Un argument que ne peut pas entendre Emmanuel Daoud, l'avocat de Pascale Descamps.

Je ne sais pas si on l'utilisera officiellement, mais si tel était le cas, il faudra assumer le fait de laisser crever une personne malade, de nationalité française, mère de quatre jeunes enfants. Je ne peux pas imaginer que l'on oppose cet argument et je crois au principe du droit. Je crois à l'humanité. Je crois aussi au respect des conventions internationales ratifiées par la France et qui devraient en principe obliger nos pouvoirs publics à assurer ce rapatriement sanitaire dans les meilleurs délais. C'est une question de volonté. 

Pascale Descamps a écrit au Premier ministre, aux ministres des Affaires étrangères, de la Justice, et à Emmanuel Macron. Sans réponse pour le moment. Si elle était rapatriée en France, la fille de Pascale sait qu'elle serait placée en détention et jugée après son hospitalisation. Le quai d'Orsay n'a pas pas donné suite à nos sollicitations.

Le Temps du débat
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Le Reportage de la rédaction
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