

Ce jeudi débute la dixième édition des API Days, grande réunion annuelle des acteurs du miel en France. Et cette année, les principaux syndicats devraient porter haut une revendication : un meilleur étiquetage des miels vendus en France, pour lutter contre la concurrence de l'étranger.
Les API Days fêtent leurs dix ans à partir de ce jeudi ! Durant ce grand messe du miel français, les syndicats devraient porter haut leur principale revendication : un meilleur étiquetage des miels vendus en France, pour faire face à une concurrence venue de l'étranger qu'ils jugent déloyale.
Face aux producteurs français, de plus en plus de miel vient de Chine. Ou plutôt " du faux miel " selon Henri Clément, président de l'UNAF (Union Nationale de l'Apiculture Française), "élaboré par des laboratoires très expérimentés, qui arrivent à produire du miel artificiel, sans abeille qui a butiné pour les produire. Ils ajoutent du pollen et différents composants, ce qui fait qu'avec une analyse de routine on ne les détecte pas". Des miels qui sont fournis aux conditionneurs pour moins de deux euros le kilo, quand le miel français a un coût de production moyen autour de 4 euros 50.
Aujourd'hui, on sait seulement qu'un miel ne vient pas de Mars ou de la Lune.
Déloyale donc pour Henri Clément, qui brandit une première solution : l'étiquettage. "Aujourd'hui, sur les miels d'assemblage, il est seulement indiqué intra UE ou extra UE. Cela ne veut rien dire, on sait seulement que ça ne vient pas de Mars ou de la lune. Nous, on aimerait que les pays d'origine de ces miels soient indiqués sur les étiquettes, avec le pays majoritaire en premier" explique-t-il. Comme en Italie ou en Grèce, où les pourcentages sont également mentionnés.
Une concurrence d'autant plus féroce que les apiculteurs sont soumis à de nombreuses difficultés. La production s'est effondrée en dix ans, passant de 30 000 tonnes à environ 9 tonnes en 2017. Et les coûts de production flambent. Pour Dominique Céna, apiculteur à Sucy-en-Brie dans le Val de Marne, cela est dû "principalement à l'agriculture, que ce soit aux pesticides en général mais aussi à la monoculture, qui prive les abeilles de nourriture. Pour la première fois en ans, j'ai dû nourrir moi-même mes abeilles " précise-t-il.

Le problème, c'est la qualité des récoltes en France.
Ce que confirme Julien Henri, apiculteur et vendeur de miel à la maison du miel, dans le 9e arrondissement de Paris. "Ce n'est pas le problème du miel chinois. Le problème est la qualité des récoltes en France". Selon lui, "du fait de l'agriculture, on a du miel saturé en sucre car les apiculteurs doivent nourrir leurs abeilles. Et pour ma part, je préfère mille fois un miel cubain, où la biodiversité est préservée, qu'un miel français mais qui n'est pas testé, ou qui va contenir des antibiotiques parce que l'abeille a bu dans l'abreuvoir d'une vache nourrie aux antibiotiques".
Alors, il met en place systématiquement des tests poussés, "car la confiance ne suffit plus dans ce métier pour garantir la qualité". 30% des analyses que pratique Julien Henry ne sont pas conformes à la provenance ou la qualité promise. Et, selon lui, un meilleur étiquetage ne serait qu'un pansement sur une jambe de bois. Le bon miel tout comme la saine concurrence n'a qu'un seul chemin : celui du retour d'une véritable biodiversité dans les campagnes françaises.
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